Miroir, méchant miroir

Arrête de me dire que je suis devenue vieille…

Il y a comme ça des matins où votre reflet ne vous convient pas, on va même jusqu’à penser que votre miroir vous trahit ! Hélas, cette belle surface polie renvoie une image fidèle, même si elle n’est que partielle puisque l’on ne s’y voit que sous un seul et même angle, face-à-face et inversée.

Inventé depuis la nuit des temps, 6000 ans avant J.-C. l’eau sombre ou une pierre polie servaient de surfaces réfléchissantes, le miroir s’est perfectionné de siècle en siècle, vers 4000 ans avant J.-C. la surface polie est devenue du cuivre puis au premier siècle on utilise le verre qui ne s’oxydait pas et dont l’arrière était garni d’une feuille de métal comme l’étain. Cette capacité de réflexion a été la source de légendes, de superstitions, de symboles, de mythes.

Le plus connu est celui de Narcisse, devenu amoureux de son reflet dans l’eau au point que désespérant de rattraper son image il finit par en mourir.

Il existait, paraît-il, des miroirs magiques fabriqués par les Chinois puis par les Romains, utilisés comme instruments de divination. Celui de la belle-mère de Blanche Neige est le symbole de la vérité, dans la Belle et la bête et Peau d’Âne, il offre des visions du père, on le retrouve dans Harry Potter avec le miroir du Rised (désir) où il permet de voir en plus de son reflet, les souhaits les plus profonds.

Dans « le miroir déformant » de Tchekhov, le miroir magique renvoie un aspect resplendissant de charme face à une femme laide dont le mari devient passionnément amoureux, car dans le même temps son image est affreusement déformée.

On connaît cette superstition qui promet 7 ans de malheur si l’on brise un miroir… son origine viendrait des Romains, le miroir ayant la réputation d’emprisonner l’âme, en se brisant elle se morcelle et comme l’homme se régénère tous les sept ans, la malédiction s’arrêtera au bout de ce délai !

On joue de cette même superstition de voleur d’âme pour pendant très longtemps voiler les miroirs à la suite d’un décès, soit pour éviter la confrontation avec des visages défaits, livides rappelant le mort, soit pour éviter que l’âme du défunt errant dans les murs ne soit terrifiée par son reflet ou qu’elle soit retenue pour l’empêcher de s’envoler vers le ciel. Cette idée d’emprisonnement de l’âme dans le miroir est très largement répandue, il existerait même des miroirs hantés.

Je ne peux terminer sans me référer au stade du miroir lacanien, étape constructive de l’enfant quand il prend conscience que c’est lui-même qu’il voit dans le miroir, cette connaissance de soi comme une unité totale fonctionnelle participe à la structuration de soi et la formation du « je »...

Cette recherche non exhaustive ne m’a pas rajeunie, elle ne m’a pas non plus décidé à éviter les miroirs. Ils ne me voleront pas ce qui compte, c’est « qu’à l’intérieur de moi-même » je suis plus jeune que mon image.

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 poucette 15-05-2016 10:43
UN TRUC/TU AS SANS DOUTE PLUSIEURS MIROIRS/...ALORS FAIS COMMME MOI: TU CHOISI CELUI QUI EST LE PLUS GENTIL ENTRE CELUI DU COULOIR ET CELUI DE LA SALLE DE BAIN JE GAGNE AU MOINS 10 ANS ET çA ME D2PLAIT QUE TU TE TROUVES VIEILLE
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