Double je

Denis Beaupin, député écologiste accusé de harcèlement sexuel a droit comme tout un chacun à la présomption d’innocence. Toutefois, pour les besoins de cette chronique, je vais être amené à considérer ce qu’il en est si les faits qui lui sont reprochés sont avérés. Ce qui a été l’élément déclencheur, c’est cette initiative de quelques parlementaires, parmi lesquels Denis Beaupin, de paraitre publiquement avec la bouche ornée de rouge à lèvres, pour attirer l’attention sur les violences faites aux femmes, le 8 mars dernier. Une des victimes de Denis Beaupin a décidé que c’était plus qu’elle ne pouvait en supporter et a rompu la loi du silence qui entoure généralement ce genre de pratiques.

L’aboutissement, on le connait, France Inter et Médiapart ont révélé les graves accusations de huit femmes sur le député, qui les aurait harcelées, verbalement et physiquement. La première chose qui me choque, en dehors des faits eux-mêmes, c’est ce clivage entre la position officielle de Denis Beaupin et ses actes. Le mouvement écologiste a toujours été ouvertement féministe et favorable à la reconnaissance des droits des femmes. Difficile de démêler la part de dissimulation et la part de sincérité dans son attitude. On pense à Jérôme Cahuzac, affirmant n’avoir aucun compte à l’étranger, lui qui traquait sans pitié les fraudeurs du fisc français, à sa très notable exception. Ou encore au célèbre phobique administratif, Thomas Thévenoud, qui négligeait de payer ses impôts, bien que député et éphémère secrétaire d’État, mais aussi son loyer, la cantine de ses enfants, ses amendes de stationnement, ses factures d’électricité ou son kinésithérapeute.

Dans un autre genre, Lance Armstrong a soutenu mordicus ne jamais avoir eu recours au moindre dopage, avant de finir par lâcher le morceau. L’activité politique requiert une assurance et un aplomb qui peuvent donner le sentiment d’une toute-puissance. Ainsi en était-il d’un Mitterrand capable de répliquer à son adversaire de l’époque, Jacques Chirac : « dans les yeux, je la conteste » quand celui-ci le mettait au défi de réfuter sa version concernant l’Iran. C’est au point que l’on peut se demander si ces personnes n’arrivent pas à se persuader de leur sincérité dans leurs attitudes, s’exonérant de toute culpabilité en minimisant leurs erreurs, ramenées au rang de peccadilles. On banalise les plaisanteries sexistes et les commentaires sur les tenues ou le physique des femmes, accusées de manquer du sens de l’humour quand elles n’apprécient pas les blagues salaces. Quant aux faits dont on accuse Denis Beaupin, ils sont beaucoup plus graves encore, ils relèvent de l’agression sexuelle caractérisée et ne peuvent qu’être sévèrement condamnés.

Commentaires  

#2 poucette 10-05-2016 20:13
après les "guignolades" de Macron

voilà les horreurs de Baupin...et pendant le même temps le 49 3 déni de la démocratie va être utilisé triste
période à rendre dégouté ou enragé je choisi la deuxième option .....
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#1 jacotte 86 10-05-2016 12:13
pas d'excuses recevables pour ces "double je" même pas celle de croire en une pseudo sincérité.... le scandale tient à cette omerta qui protège les puissants, déjà en 2013 on parlait d'un Stroskane écolo dans le rang des responsables des verts, il aurait fallu être plus direct!!
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