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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 9 mai 2016 10:50
- Écrit par Claude Séné
Jeanne d’Arc était très demandée ces derniers temps. D’abord et comme d’habitude par la droite nationaliste qui se réclame du prestige de l’image de libératrice du peuple français attachée à « la Pucelle d’Orléans ». Depuis les années 1980, le Front national a pris l’habitude de préempter la fête nationale fixée au 2e dimanche de mai en organisant sa propre commémoration le 1er mai, avec l’objectif inavoué de faire concurrence aux manifestations consacrées à la fête du travail et des travailleurs, organisées par les syndicats ouvriers. Après la scission de la famille Le Pen, cette année les deux camps se sont disputé un héritage auquel ils n’ont pas plus de droit l’un que l’autre.
Partant du principe que Jeanne d’Arc n’appartient à personne, ils en ont déduit qu’elle appartient à tout le monde et particulièrement à leurs clans respectifs. D’où cette pantomime grotesque de deux hommages à des statues concurrentes, place des Pyramides pour les uns, place Saint Augustin pour les autres. La présidente du Front national en a profité pour excommunier les derniers partisans de son père, coupables d’avoir choisi le mauvais cheval pour cette cérémonie en l’honneur d’une statue équestre. Jeanne d’Arc fait aussi l’objet d’un culte très spécial de la branche souverainiste incarnée par Philippe de Villiers qui n’a pas hésité à faire acheter à prix d’or une relique douteuse de la sainte par le Parc du Puy-du-Fou. Jusque-là, rien que de très attendu. Beaucoup plus surprenant, c’est le ralliement au panache blanc de la donzelle de Domrémy du ministre de l’Économie, que l’on n’attendait pas à pareille fête. En répondant à l’invitation du maire Les Républicains d’Orléans pour les festivités annuelles consacrées à la sauveuse de la ville, Emmanuel Macron réussit encore une fois à se faire remarquer en suscitant une polémique dont il semble avoir le secret et dont il s’est fait une spécialité.
On savait le ministre populaire, on ne l’imaginait pas forcément populiste. Tant qu’à se mettre sous l’égide d’une grande figure nationale, il aurait pu choisir celle de Léon Blum, à l’occasion du 80e anniversaire de l’avènement du Front populaire. Il faut reconnaitre qu’il n’a pas été le seul à passer sous silence cet anniversaire du 3 mai 1936 qui a vu le succès de la coalition de la SFIO et des radicaux-socialistes, soutenus par le parti communiste. L’exemple était pourtant intéressant d’un dirigeant persuadé de ne pas pouvoir instaurer le socialisme faute d’une adhésion suffisante et qui s’est retrouvé à porter des progrès sociaux considérables, dont les congés payés qui ne faisaient pas partie de la plateforme électorale, sous l’impulsion des mouvements ouvriers. Preuve que la régression n’est pas une fatalité.
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