Mieux vaut tard

Je tiens à revenir sur un évènement qui a soulevé mon indignation et quelques réflexions.

Je veux parler de la visite de notre Premier ministre en Algérie le 10 avril.

On se souvient du boycott de la couverture médiatique de l’évènement, décidé par le journal Le Monde, suivi par le Figaro, Libération, France Culture, France Inter puis France Télévisions, TF1 et le petit journal, à la suite du refus de visa au journaliste du Monde, ce journal ayant eu l’audace de publier la photo du président Bouteflika en illustration de l’affaire des Panamas Papers. Ils estimaient à juste titre qu’il y avait violation de la liberté d’expression.

Interrogé le matin même de son départ Manuel Valls avait décrété : « je serai à Alger pour notre coopération, mais je reviendrai sur ce point dans l’amitié et la franchise ».

On était donc en mesure d’attendre de sa part des remarques fermes à son homologue algérien à défaut de les exprimer auprès du président, incapable d’ailleurs de la moindre communication orale, prouvant notre désapprobation. Hélas non seulement il n’en fut rien, mais il a fallu en plus supporter la justification de Monsieur Abdelmalek Sellal sur ces refus, estimant que le journal avait fait atteinte à l’honneur et au prestige du président.

Au cours de ces deux jours de visites, le représentant de la France n’a pas cessé d’affirmer que l’amitié franco-algérienne était primordiale et que rien ne pouvait nous faire dévier du partenariat d’exception que la France tenait à développer avec ce pays, il a même rajouté une couche en disant que « rien ne pouvait laisser parasiter cette visite à fort enjeu économique ».

Deux raisons donc d’être indignée, mais l’histoire ne s’est pas arrêtée là… en effet, Manuel Valls a publié sur son compte Twitter la photo de Monsieur Bouteflika, regard dans le vide, bouche ouverte, qui a soulevé la consternation auprès des citoyens algériens comme des politiques. Une polémique est née accusant cette publication de porter atteinte à la vie privée du président algérien, cette photo était reçue comme une provocation. Certains y voyaient une vengeance pour la négation de la liberté de la presse, et des représailles contre des contrats économiques pas suffisamment juteux !

Inutile de dire qu’il y a eu très vite des démentis pour corriger cette erreur de communication qui risquait fort de dégrader les relations entre les deux pays et que notre Premier ministre à nouveau a tenu « à exprimer son grand respect et son soutien au président algérien », ravalant une fois de plus son amour-propre.

Ma réflexion à la suite de cette affaire, c’est que la notion d’honneur est très variable, celle de la France ne tient pas derrière les intérêts économiques, car notre Premier ministre, que je traiterai volontiers de dégonflé, de lâche, de froussard, de chicken, en a oublié de faire entendre nos valeurs fondamentales, et ce n’est pas hélas la première fois que face à des gouvernements non démocratiques on s’écrase mollement devant le non-respect des libertés essentielles. L’argent mène le monde et c’est triste à en pleurer.

L’invitée du dimanche