Yes, He Khan !

Le nouveau maire de Londres, Sadiq Khan, est-il le futur Obama anglais ? Le parallèle est suggéré par le mot-dièse utilisé sur Twitter pendant la campagne électorale. La comparaison est tentante entre le premier président noir que s’étaient choisi les États-Unis et le premier maire musulman de la capitale anglaise. Tout a été dit sur Sadiq Khan, encore très largement méconnu en dehors de l’Angleterre jusqu’à cette élection. On a mis l’accent sur ses origines pakistanaises, sur le milieu modeste dont il est issu, sur sa religion, de même que l’Amérique a été fascinée par la légende Obama.

Pourtant, Sadiq Khan a pris grand soin de ne pas apparaitre comme le représentant d’une communauté ou d’une catégorie, de même qu’Obama ne voulait pas être le porte-parole exclusif des Afro-Américains. Il s’est démarqué du leader de son parti, le travailliste très à gauche Jeremy Corbyn, en affirmant vouloir être le maire de tous les Londoniens et mener une politique de centre gauche. Et son positionnement semble avoir été compris si l’on en juge par l’ampleur de sa victoire. Alors que son adversaire conservateur a fait campagne sur les liens qu’il aurait eus avec la mouvance islamiste que sa profession d’avocat l’a amené à côtoyer, il a su ramener sa religion à ce qu’elle est, une caractéristique parmi d’autres, qui ne l’empêchera pas de rechercher le bien commun. Obama aussi a été accusé de complaisance avec l’islamisme, son patriotisme et jusqu’à sa nationalité ont été mis en doute. Je ne suis pas certain qu’en France le nouveau maire de Londres aurait pu être élu à Paris, par exemple. Son prénom à lui seul aurait été un handicap et son nom, associé à un lointain cousin, Gengis, ne l’aurait pas servi non plus. Il faut reconnaitre à la société anglaise une capacité supérieure à la nôtre à respecter les différences culturelles, sans chercher forcément à les fondre dans un creuset commun.

Sadiq Khan pourrait bien ne pas s’arrêter à cette victoire déjà importante et briguer à terme le poste de Premier ministre sur lequel lorgne déjà son prédécesseur conservateur, le fantasque Boris Johnson. Il lui faudra pour cela réussir dans une tâche bien difficile en résolvant les problèmes récurrents de la capitale anglaise. Le plus criant est le logement, hors de prix, dont il a fait un des piliers de sa campagne, l’autre étant la question des transports. Sadiq Khan a suscité des espoirs, comme Obama en son temps, saura-t-il les concrétiser, sans décevoir comme le président américain ?