Une polémique pour rien ?

La rumeur, relayée par le très sérieux journal Le Monde, a couru selon laquelle les candidats à la première année de médecine en ile de France seraient tirés au sort pour la rentrée prochaine, faute de places suffisantes. Les réactions négatives ne se sont pas fait attendre, aussi bien du côté des étudiants que des politiques d’opposition, prompts à mettre sur le dos du pouvoir en place la responsabilité de ce constat d’échec. Ballon d’essai ou fausse information, toujours est-il que tout le monde est parvenu à la conclusion que ce système serait à la fois injuste, stupide, cruel et au bout du compte inefficace.

Donc, fausse alerte, les étudiants qui le désirent pourront postuler pour cette première année et ils devraient être grosso modo aussi nombreux, mais guère plus que les années précédentes. Parmi les critiques, la plus évidente concerne la valeur supposée des candidats, dont certains auraient pu être écartés malgré un meilleur dossier que les plus chanceux retenus grâce au hasard. Oui, mais non. Depuis le rejet de la loi Devaquet, la sélection à l’université est un gros mot et elle est même proscrite. Autant la sélection est instituée et impitoyable dans les grandes écoles, autant elle est interdite dans l’enseignement supérieur. Du moins sur le papier. Car dans les faits, l’écrémage a bel et bien lieu dès la première année d’études qui voit disparaitre la moitié des effectifs en général. Ce n’est souvent qu’à partir de la troisième année que l’on peut enfin pénétrer dans les amphis sans devoir passer sur le corps de tous les aspirants qui caressent le même projet.

Dans le cas particulier de la médecine et des professions de santé, le nombre de places en fin de parcours est limité par un numerus clausus explicite, mais dans les autres filières, il est induit par les structures mises en place et seuls les plus motivés parviennent au terme de leur cursus. Si ce n’est pas de la sélection, cela y ressemble furieusement. N’oublions pas au passage les problèmes financiers des étudiants qui ne peuvent pas compter sur un soutien familial, ce qui explique largement la reproduction des inégalités et la difficulté d’accès aux études supérieures en fonction du milieu d’origine. Toutes choses qui démontrent que l’égalité des chances dont la France se gargarise si facilement est en réalité un leurre. Et comment expliquer que les beaux esprits qui se sont indignés de l’éventualité d’un tirage au sort en médecine s’accommodent si facilement de la même pratique couramment admise pour les futurs professeurs de sport dans les STAPS ?

Commentaires  

#1 jacotte 86 06-05-2016 10:25
je crois savoir que la fac musique de Tours continue à accepter ses étudiants sur dossier sévèrement épluché (en toute illégalité) pour éviter des échecs cuisants tant le niveau de compétences "techniques" est élevé! bizarre que personne ne se soit élevé contre ce système...les musiciens intéressent moins que les médecins, l'injustice est pourtant tout aussi flagrante.
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