Malheur aux vaincus

Et même à ceux qui sont les plus faibles aujourd’hui et qui seront défaits demain. Les exemples n’en manquent pas à commencer par la fameuse réforme du code du travail qui consiste, sous couvert de démocratie directe au travers d’accords d’entreprise, à laisser face à face des salariés dépendants et une direction disposant de tout l’arsenal juridique et la puissance de feu que lui donne le lien de subordination qu’implique tout contrat de travail. Si les employés des grands groupes bénéficieront d’une certaine marge de manœuvre grâce à la présence d’organisations syndicales, il n’en ira pas de même dans les petits établissements.

C’est pourquoi l’incorrigible jacobin que je suis défend encore et toujours l’existence de règles applicables au niveau d’un état, et, pourquoi pas, du continent européen et si possible du monde entier pour codifier et protéger les plus démunis contre l’arbitraire et la loi du plus fort. Quand on a, comme moi, la chance d’habiter une commune bien pourvue en activités industrielles, on bénéficie d’infrastructures intéressantes, d’équipements culturels et sociaux conséquents, tout en n’étant pas submergé par les impôts locaux. Le désengagement de l’état dans les budgets des communes ne va qu’amplifier cette tendance déjà lourde. Un déséquilibre qui se retrouve à l’échelle des départements et des régions, dont la déconcentration des moyens, comme on dit joliment, produit des inégalités territoriales qui ne cessent de s’alourdir.

La tendance au chacun pour soi est en train de gagner insidieusement du terrain dans des domaines où il serait justement primordial de faire jouer la solidarité nationale : l’éducation et la santé. La mise en concurrence systématique des universités, voire des lycées et même des écoles primaires et maternelles, aboutira fatalement à renforcer les établissements déjà privilégiés au détriment des moins favorisés, avec pour corollaires la sélection et l’orientation, officiellement bannies de notre système. Le même phénomène s’applique aux établissements de santé, mais le plus spectaculaire pour moi a été d’apprendre que des médecins avaient décidé à titre personnel de quitter la sécurité sociale dont ils jugent les cotisations trop élevées, au profit d’assurances privées, moins chères. On peut aisément comprendre que des compagnies qui se réservent le droit de trier leurs clients et de ne pas assurer les risques les plus coûteux pratiquent des tarifs moins élevés à l’égard de ces professionnels a priori en bonne santé. C’est précisément le principe de l’assurance sociale que ces médecins, qui pourtant ne subsistent que grâce à elle et aux remboursements accordés aux patients, remettent en cause au nom d’une économie à courte vue dépourvue de la moindre compassion pour les plus malchanceux. Puissent-ils ne jamais tomber malades !

Commentaires  

#1 jacotte 86 02-05-2016 11:50
merci d'avoir relevé ce scandale lesdits médecins mériteraient d'être radiés de l'ordre , ils crachent dans la main qui les nourrit...
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