Avantage Bachelot
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 12 mars 2016 09:24
- Écrit par Claude Séné
Une raquette à la main, il y a fort à parier que l’ancienne ministre des sports reconvertie dans la chronique télévisuelle sur D8, Roselyne Bachelot, ne marquerait pas un seul point contre Rafael Nadal, quelle que soit la surface. Par contre devant un micro, la toujours pimpante Roselyne ne garde pas sa langue dans sa poche. Elle a carrément balancé le champion espagnol en expliquant que les blessures à répétition qui l’ont longtemps tenu écarté des terrains étaient probablement un nuage de fumée destiné à masquer un contrôle antidopage positif. Une accusation prise très au sérieux par l’oncle et entraineur du tennisman, Toni Nadal, qui envisagerait de porter plainte après l’avoir traitée d’imbécile.
On peut faire beaucoup de reproches à Roselyne Bachelot, en particulier sa gestion calamiteuse de l’épidémie de grippe H1N1, qui a coûté pas mal d’argent à l’époque, tout en dissuadant durablement les Français de se faire vacciner contre la grippe saisonnière et aussi ses conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique, mais je ne crois pas qu’elle soit stupide. Si Nadal ne se dope pas, c’est tout à son honneur, mais s’il le fait, il ne serait pas le premier ni le dernier dans cette discipline. La défense du champion majorquin ressemble furieusement à celle de Lance Armstrong à son époque. Nadal s’est soumis à tous les contrôles et aucun n’a révélé de produit interdit. En creux, on peut se demander si le problème ne vient pas des substances recherchées, un peu comme sa collègue Maria Sharapova, qui prétend avoir négligé de vérifier que le meldonium qu’elle prenait depuis longtemps était à présent interdit. Pour sa part, Rafael Nadal reconnait avoir été soigné à l’aide de plasma enrichi et d’injections de cellules souches, mais affirme n’avoir jamais triché.
De sorte que c’est parole contre parole. Bachelot n’apporte aucune preuve de ce qu’elle avance, mais reprend un avis largement partagé dans le milieu du tennis, y compris par le capitaine actuel de l’équipe de Coupe Davis, Yannick Noah, un expert, même si de son temps les substances interdites étaient plutôt décontractantes et ne donnaient pas forcément un avantage décisif sur ses concurrents. Si rien n’est prouvé, la domination physique de Rafael Nadal sur tous ses adversaires quand il était numéro un mondial ne manque pas de poser question, et son corollaire avec la baisse spectaculaire de ses performances depuis quelque temps, semble indiquer que c’est bien ce qui faisait la différence. Et l’on ne voit pas pourquoi un sport où circule autant d’argent serait épargné par le fléau du dopage.