Nivellement
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 26 février 2016 10:22
- Écrit par Claude Séné
Le mélange des genres à la télévision n’a jamais été plus florissant qu’en cette période pré-préélectorale. Les politiques continuent de participer aux émissions grand public dans des shows que les Américains qualifient d’infotainment, un condensé d’information et de divertissement, un passage obligé pour les vedettes comme pour les responsables politiques, incluant même le président des États-Unis. Ces émissions sont soigneusement préparées, des auteurs étant chargés de fournir les traits d’esprit et les réparties « improvisées » démontrant le sens de l’humour de l’invité, tandis que l’animateur bénéficie du prestige et de l’audience amenée par la personnalité.
La formule se perpétue aussi chez nous sous forme de « talk-shows », où l’on aligne sur le plateau des brochettes d’invités aux notoriétés très variables, les uns ayant un statut d’amuseurs, les autres étant censés traiter de sujets sérieux, passant du plus grave au plus futile, « sans transition ». Le résultat est souvent très confus, aucun sujet n’étant vraiment traité, faute de temps. Les politiques se plaignent parfois de ce gloubi-boulga mais continuent d’y participer, faute de mieux.
Depuis quelque temps, un autre phénomène s’est surajouté, c’est celui du reportage sur le vif, personnifié par un reporter spécialisé dans l’impertinence professionnelle tout en jouant sciemment la connivence. Cyrille Eldin s’accroche aux basques des politiques qui n’osent pas le rabrouer de crainte de ternir leur image et ne pas apparaitre suffisamment décontractés avec la presse. Dernièrement, Djamel Debbouze, qu’on ne peut pas suspecter de manquer d’audace, lui demandait sérieusement comment il faisait pour ne pas se faire casser la figure par les victimes de son harcèlement. En réalité, il s’expose assez peu. Il n’y a rien de pire pour un politique que d’être passé sous silence. Sans Cyrille Eldin, qui aurait su que Bruno Lemaire allait annoncer sa candidature à la présidence de la République, excusez du peu, à Vesoul ? Vesoul, plus connue pour la chanson que Brel lui a consacrée, que pour sa concentration en évènements de portée nationale.
Nous avions déjà connu cette sorte de nivellement par le bas avec l’avènement des Guignols, paix à leur âme, qui mettaient en scène les personnages en leur donnant un côté familier, un côté « sympatoche » qui avait profité à Chirac. Cette fois, les politiques jouent leur propre marionnette et je ne peux pas m’empêcher de leur trouver un aspect dérisoire qui nuit à leur fonction. Je n’ai pas envie d’être dirigé par des rigolos qui débitent laborieusement des vannes à deux balles, comme de vulgaires stand-uppers.