Un musulman normal
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 27 janvier 2016 10:30
- Écrit par Claude Séné
C’est ainsi que se présente Idriss Sihamedi, président fondateur d’une organisation non gouvernementale, Barakacity, basée en région parisienne, qui s’est donnée pour tâche de venir en aide aux populations musulmanes, où qu’elles soient. Si vous le poussez un peu, il ira jusqu’à dire qu’il est un musulman « orthodoxe », mais rien de plus. Il était l’invité de l’émission dominicale de Canal Plus à propos des ennuis judiciaires d’un ressortissant de l’association, emprisonné au Bangladesh pour des motifs assez obscurs dans lesquels les droits de la défense semblent être bafoués. Sur ce point, pas de polémique, le soutien à Moussa Ibn Yacoub est acquis, comme à tout membre d’une ONG, du moment qu’il respecte les lois.
Les choses se corsent quand on apprend que la religion « normale » de Sihamedi lui interdit de serrer la main de Najat Valaud-Belkacem, elle aussi invitée de l’émission, du simple fait qu’elle est une femme. Les femmes semblent d’ailleurs pestiférées dans l’association, puisque l’équipe de reportage ne pourra en rencontrer aucune, elles ne souhaitent pas être filmées, parait-il. Et puis vient la question qui fâche quand l’animateur lui demande de prendre position sur l’état islamique et de dire clairement s’il condamne ou non le combat de Daech. Idriss Sihamedi s’offusque de la question, prétend qu’elle n’est pas fondée, accuse à demi-mot le présentateur de vouloir le piéger, pour finir par condamner du bout des lèvres les actes de violence. Visiblement, ce n’est pas son premier réflexe quand il rencontre des jeunes de banlieue et qu’il tente de les rallier à l’action humanitaire.
Si son attitude vis-à-vis du djihadisme est pour le moins ambigüe, on en sait plus sur sa conception de la religion au travers de déclarations sur Twitter, aujourd’hui retirées. Il s’y déclare favorable à la polygamie comme alternative à l’adultère, méfiant à l’égard de la musique et prône le port du voile en signe de pudeur. Pour compléter le tableau, on apprend qu’il fait l’objet d’une fiche S, et qu’à ce titre ses activités, ainsi que celle de l’association, font l’objet d’une surveillance. Ce qui est préoccupant, c’est que Barakacity est très populaire du fait de son action humanitaire. Elle a levé 16 millions d’euros en 4 ans et compte 650 000 suiveurs sur les réseaux sociaux. On se souvient de la popularité des Frères musulmans quand ils étaient pratiquement les seuls à apporter de l’aide aux populations défavorisées, et le désenchantement quand ils sont parvenus au pouvoir en Égypte. Eux aussi considéraient leur vision de la religion comme normale.