Que reste-t-il ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 28 janvier 2016 10:28
- Écrit par Claude Séné
De nos amours, que reste-t-il, de ces beaux jours, une photo, vieille photo de ma jeunesse… ces paroles de la chanson de Trénet me reviennent en tête à l’occasion du départ fracassant de Christiane Taubira du gouvernement. La photo, déjà jaunie, c’est celle que l’on prend traditionnellement sur le perron de l’Élysée à la sortie du premier conseil des ministres fraichement désigné. En 2012, autour de Jean-Marc Ayrault (qui a dit Jean-Marc qui ?), on trouvait un panel relativement représentatif de la gauche. Bien sûr, on était loin du Front populaire de 1936, ou même de l’Union de la gauche de 1981, mais on y retrouvait diverses sensibilités.
Sans être exagérément optimiste, on pouvait espérer que certaines avancées, allant dans le sens du discours du Bourget prononcé par le candidat devenu président, seraient mises en œuvre. De cette période, l’histoire ne retiendra que la bataille pour le mariage pour tous, remportée par la majorité et menée brillamment par la garde des Sceaux, Christiane Taubira, déjà. C’est sans doute à ce moment que remonte la détestation sans faille de la droite réactionnaire à l’encontre de la ministre de la Justice accusée de tous les maux au nom d’un laxisme imaginaire, mais fondée en réalité sur son triple péché originel, celui d’être femme, noire et de gauche.
Ce n’est pas le premier départ du gouvernement de ce quinquennat, volontaire ou non. Je mets de côté les cas Cahuzac ou Thévenoud, que personne ne regrettera, pour remarquer que les personnalités qui pouvaient tirer le gouvernement sur sa gauche sont parties les unes après les autres. Que ce soit Delphine Bateau, Cécile Duflot, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg ou Aurélie Philipetti et maintenant Christiane Taubira, le mouvement va toujours dans le même sens, celui d’une macronisation du pouvoir, malgré le ras-le-bol de Martine Aubry, qui n’a pas eu à partir du gouvernement puisqu’elle n’y est jamais entrée. Le risque de couac va certes beaucoup diminuer avec l’arrivée du nouveau garde des Sceaux, apparemment plus malléable que l’ancienne, mais la cohésion se paie d’un ultime rétrécissement de la base déjà bien étroite sur laquelle se fonde la majorité, réduite à l’Assemblée, faute d’adhésion populaire. On ne voit pas bien d’où pourrait venir le salut, si ce n’est de l’émergence d’un nouveau mouvement du type Podemos ou Syriza. Certains voient en Christiane Taubira la promesse d’un Pablo Iglesias ou d’un Alexis Tsipras. Pourrons-nous retrouver ce bonheur fané, cheveux au vent, ces baisers volés et nos rêves mouvants ?
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