Vritz, ton univers impitoyable

Si vous n’êtes pas du cru, vous n’aviez probablement pas entendu parler de cette commune de Loire-Atlantique avant que la presse ne fasse état de cette affaire sordide d’assassinat au travers d’articles sur le procès « des amants diaboliques ». Cette petite bourgade de 800 habitants illustre parfaitement l’idée que l’on peut se faire de l’orifice excréteur du monde. Elle est située à égale distance de nulle part, au fin fond d’un arrière-pays de la France profonde, symbole d’une ruralité que l’on imagine sans histoires. Erreur. Le monde agricole recèle autant de passions et de violence que les quartiers difficiles des grandes villes, et Vritz n’a rien à envier à Dallas.

Avant-dernière commune dans l’ordre alphabétique du département, Vritz partageait avec Soulvache, là où il y a moins d’habitants que de vaches, la réputation d’être le pire poste qu’un instituteur débutant pouvait obtenir comme première affectation. C’est un de mes camarades qui avait tiré le gros lot dans le milieu des années 60. Lui-même était pourtant originaire d’une commune rurale du nord du département, mais il avait été impressionné par le degré d’isolement qui dépassait tout ce qu’il avait pu connaitre. Les enfants parlaient un français mâtiné de gallo qu’il avait parfois du mal à saisir, et les adultes se contentaient de la veillée au coin du feu pour toute distraction pendant les soirées d’hiver.

C’était il y a cinquante ans, certes, mais dans certaines régions on a l’impression que le temps s’est arrêté. Qui aurait pu penser que le fermier qui avait repris l’exploitation familiale avec son épouse, caissière dans une supérette, préméditerait son assassinat avec la complicité d’une aide-soignante de la commune qui était sa maitresse depuis 3 ans ? Leur liaison était restée secrète dans un village où tout le monde se connait. Le mari a joué les éplorés pendant des mois, trompant ses meilleurs amis, jusqu’à ce que les gendarmes découvrent le pot aux roses et lui fassent avouer le crime. On peine à imaginer le scénario où c’est la maitresse qui attire la femme dans le garage en ôtant les plombs du tableau électrique, avant que le mari l’assomme et qu’elle l’achève en l’étranglant avec une corde. Pardon pour ces détails sordides, mais ils éclairent le fait-divers. Pas de dispute, un meurtre de sang-froid, parachevé par l’incendie du véhicule de la malheureuse dans une forêt voisine. Ce n’est qu’après coup que le mari, dans une tardive prise de conscience, regrettera de ne pas avoir tout simplement demandé le divorce. Le poids des traditions, peut-être ?