Cohérences
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 4 janvier 2016 10:51
- Écrit par Claude Séné
Les Français, c’est-à-dire vous et moi, en auraient assez de voir toujours les mêmes têtes politiques se présenter à leurs suffrages. Ils seraient environ les trois quarts à ne pas souhaiter la réédition du match Sarkozy Hollande de 2012, et presque autant à ne pas vouloir non plus de Marine Le Pen. Jusque-là, je ne suis pas choqué, ni mécontent de cette tendance au renouvellement, somme toute légitime, sans céder à la démagogie du Front national, qui présente quelques nouvelles têtes, mais nous sert toujours la même tambouille qui me lève le cœur avant d’imaginer seulement la goûter.
Et c’est là que je ne comprends plus. L’homme politique préféré des Français, toutes tendances politiques confondues, ne serait autre qu’Alain Juppé ! Comme tête nouvelle, on a vu plus frais. Je ne ferai pas de racisme anti vieux, d’autant plus qu’il est mon cadet d’un an, mais il a quand même quelques kilomètres au compteur. Ce n’est pas non plus un perdreau de l’année, puisqu’il a exercé des mandats politiques sans discontinuer pendant près de 40 ans, si l’on excepte sa traversée du désert quand il a été convaincu de prise illégale d’intérêts dans l’affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris. Chacun sait qu’il a payé pour Chirac, qui l’a du coup considéré comme « le meilleur d’entre nous », mais il ne pouvait pas ne pas être consentant dans ce système quasi mafieux à l’époque.
Dans une république exemplaire, sa sanction d’inéligibilité aurait été définitive, comme pour tous ceux qui franchissent la ligne rouge, mais après avoir juré qu’on ne l’y reprendrait plus, il est revenu en politique et le voici qui brigue l’investiture suprême, en comptant sur l’amnésie des Français. Il lui faut pour cela se démarquer de son principal rival, Nicolas Sarkozy. Sur la délicate question de la déchéance de nationalité, il a réussi le tour de force de se déclarer hostile à la mesure proposée par François Hollande, tout en affirmant qu’il la voterait s’il était député. Du coup, certains journaux ont titré sur l’accord, et d’autres sur le désaccord. Ou comment contenter tout le monde et son père, sans oublier le meunier et surtout l’âne, qui gobe le tout comme un picotin ?
Depuis qu’il est revenu de son exil forcé au Québec entre 2004 et 2006, Alain Juppé s’efforce de gommer son image de technocrate rigide, droit dans ses bottes, comme il aimait à se décrire, mais pourra-t-il faire du neuf avec du vieux ? J’en doute.
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