Trahisons
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 3 janvier 2016 10:23
- Écrit par L'invitée du dimanche
J’aurais aimé commencer 2016 par une vision positive de la prochaine année, mais ce concept de trahison me préoccupe depuis plusieurs jours… allez savoir pourquoi ?
La trahison, c’est le fait d’abandonner ses amis ou de les livrer à ses ennemis, de tromper la confiance d’un groupe, d’une personne ou d’un principe. C’est aussi un manquement à la parole donnée, un engagement. Sur le plan militaire, c’est faire atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation.
C’est un acte vieux comme le monde. Dans le recensement des grands traîtres de l’histoire, de Judas qui trahit Jésus, en passant par Pétain et Laval qui trahirent la France en étant complices de l’Allemagne nazie, Alcibiade qui trahit Athènes, Brutus qui trahit César, Ganelon, qui trahit Charlemagne en piégeant Roland à Roncevaux, Bazaine, Talleyrand, capable d’être ministre dans six gouvernements d’orientations différentes, la liste est longue de tous ces personnages de premier plan que l’on peut décorer du nom de traître. Ils ont trahi par idéologie, intérêt, ambition, opportunisme. Certains sont traîtres par prudence, d’autres servent de boucs émissaires, comme le faux traître Dreyfus, fort heureusement innocenté, le véritable coupable Esterhazy étant démasqué grâce au mouvement de protestation déclenché par Zola.
La trahison, c’est une question relative aux lieux, aux époques, elle peut grandir ou défaire un homme, cela peut être une affaire de courage ou de faiblesse, c’est aussi pour une large part une question de point de vue, il n’est de traître que pour les victimes.
Celui de nos contemporains qui porte la palme de la trahison, est sans contexte Sarkozy qui a trahi tour à tour Pasqua, Balladur, Chirac (ce dernier ayant été son maître en la matière trahissant tour à tour Chaban et Giscard) motivé par une ambition démesurée et qui fait passer Éric Besson, traître de première catégorie pour un enfant de chœur. Mais il n’est pas le seul à savoir retourner sa veste selon les humeurs du temps. Les politiques qui naviguent à vue, au mieux de leur désir de pouvoir, peuvent toujours s’appuyer sur une déclaration de Clemenceau pour se donner bonne conscience : « celui qui quitte votre parti pour un autre est un traître, celui qui vient d’un autre parti rejoindre le vôtre est un converti ».
Bon, toutes ces réflexions pour en arriver à ce que j’ai sur le cœur, je me sens du côté des victimes, trompée par celui à qui j’ai donné ma voix, et qui n’arrête pas de manquer à ses engagements, qui se trahit lui-même, oubliant les principes fondamentaux de son parti, en principe de gauche, comme ceux de la République, avec son projet de déchéance nationale, oubliant le conseil de Mitterrand dans ses vœux de 1995 : « ne séparez jamais liberté et égalité »
Je me sens citoyenne désemparée, devant un horizon politique enfumé par les menaces terroristes bonnes à faire accepter l’inacceptable. Il va falloir que les petits, les sans-grades, les sincères démocrates, se mobilisent pour faire échouer les trahisons idéologiques qui nous mènent droit dans les bras de l’ogre, car une trahison réussie cesse de porter ce nom et devient état de fait.
L’invitée du dimanche
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