Fichu quart d’heure
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 15 décembre 2015 10:31
- Écrit par Claude Séné
Depuis qu’Andy Warhol a déclaré que chacun pouvait désormais prétendre à un quart d’heure de célébrité, l’histoire semble lui avoir donné raison avec notamment l’éclosion de la téléréalité, capable de propulser de parfaits inconnus sur le devant de la scène pour une gloire éphémère. Ces « célébrités » fabriquées de toutes pièces ne tiennent évidemment la route que pour de courts moments avant de retomber dans l’anonymat qu’elles n’auraient jamais dû quitter. Mais tout le monde n’a pas cette chance douteuse et certains semblent vouloir forcer le destin, comme cet instituteur de maternelle qui a prétendu avoir été agressé au nom de Daech alors qu’il préparait sa classe.
L’affaire a été prise très au sérieux dans le contexte actuel de risque d’attentat et des voix ont dénoncé le manque de sécurité dans les écoles, cependant que la ministre félicitait les enseignants pour leur sang-froid et la gestion de l’évènement, qui s’est révélé être une supercherie. Quelles que soient les motivations de l’instituteur, il semble être fragile psychologiquement, ce qui n’est pas très rassurant. Des mythomanes et des affabulateurs, il y en a toujours eu. Souvenons-nous de la « fille du RER », qui a inspiré le film du même nom à André Téchiné, et qui avait inventé une agression à caractère antisémite avant de se rétracter et de reconnaitre la mise en scène.
Ce qui est nouveau, c’est la thématique. Les bourreaux présumés ne sont plus des néonazis animés par la haine raciste, mais les fanatiques de l’état islamique, les adeptes d’un radicalisme exacerbé, les candidats au martyre djihadistes. Le cas de l’instituteur d’Aubervilliers n’est pas un acte isolé. Peu de temps après les attentats de Paris, un automobiliste avait lancé « kalach, kalach ! » à une patrouille de militaires, tandis que de nombreuses alertes à la bombe étaient signalées dans les transports en commun. Plus récemment, ce sont deux jeunes filles de 21 et 24 ans qui se promenaient à la sortie des lycées à Andernos avec une fausse kalachnikov, dans le but stupide de faire peur aux jeunes qu’elles croisaient. On me dira que tout cela ne fait que souligner la bêtise humaine et le fait que certaines personnes n’ont guère qu’un petit pois dans la tête, mais j’y vois quand même un signe, un symptôme d’une société plus atteinte qu’elle ne veut l’admettre, pour laquelle rien ne sera plus comme avant Charlie, l’Hyper casher et le Bataclan.