Tranche de vie

 « J’en suis encore à m’ demander

Après tant et tant d’années

à quoi ça sert de vivre et tout 

 à quoi ça sert en bref d’être né »

… refrain d’une chanson de François Béranger appelée "tranche de vie"que je vous invite à écouter dans son intégralité:

https://www.youtube.com/watch?v=AUFJj683GK4

Beaucoup de jeunes pourraient se l’approprier en espérant que la réponse ne soit pas de s’engager dans les troupes de Daech !

Mais il est tout aussi approprié de se poser la question quand on arrive en fin de parcours, et qu’on a envie de faire le bilan.

Cette question du sens de la vie que Shakespeare a déjà si bien posée sous une forme plus dépouillée n’a rien d’original, car je pense qu’il est rare que personne ne se la soit posée ! J’avais déjà été troublée par le dernier film de Woody Allen « l’homme irrationnel » où la réponse de Lucas, professeur dépressif de philosophie, était déstabilisante. Pour donner un sens à son existence, et sortir de sa léthargie existentielle, le passage à l’acte était la réponse appropriée. Le crime comme remède au néant métaphysique est à prendre bien sûr au second degré, le film se veut une comédie et pourtant l’idée que seule l’action nous sauve du vide me paraît pertinente.

Les individus qui s’impliquent dans la vie sociale, politique, artistique et qui sont justement dans l’agir en font sûrement l’intéressante expérience. Je n’ai jamais su être une vraie militante engagée pour des raisons que je peux cerner et qui ne font pas partie de mon propos d’aujourd’hui, alors quel sens a eu ma vie ? Ai-je été utile sur cette terre à quelques-uns, ai-je semé quelques idées permettant de les faire évoluer vers plus de tolérance, d’ouverture d’esprit, de curiosité, d’élargir leurs intérêts ? J’en suis persuadée, c’est pourquoi ce billet n’est pas l’expression d’un état dépressif ou d’une désespérance, mais bien au contraire une façon de m’assurer que la toute petite parcelle d’humanité que je représente a servi par un effet domino à faire bouger le monde.

Grâce à cet examen rapide, mais sincère et indispensable de ma conscience, je ne me sens aucune culpabilité de n’avoir pas fait autant qu’il aurait fallu le faire ou que d’autres ont pu faire. Après tout, chacun fait, à sa place, à sa mesure, assumant la responsabilité de ses actes. Être soi-même, à l’écoute des autres, prête à donner le peu qu’on a, autant qu’à recevoir ce que l’on veut vous offrir, c’est déjà beaucoup, et je suis convaincue que tous les enfants dont j’ai eu la responsabilité de l’éducation (à commencer par mes propres enfants) m’ont autant apporté que ce que je leur ai transmis, et je les en remercierai chaque jour qui me reste à vivre en ouvrant mes volets le matin sur une journée que je m’essaierai à remplir au mieux pour moi et pour les autres.

L’invitée du dimanche