Sainte-Catherine
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 4 décembre 2015 10:08
- Écrit par Claude Séné
Ayant moi-même été dépossédé du jour de mon anniversaire au profit de la journée internationale de la femme, je compatis de tout cœur avec toutes les Catherine dont le jour de la fête, le 25 novembre, est squatté par la journée contre les violences faites aux femmes. Si l’on veut être juste, il faut reconnaitre que cette journée est restée bien discrète, et n’a guère fait d’ombre aux fleuristes dont une partie du gagne-pain est constitué par les célébrations des saints et des saintes qui nous servent de patrons ou de patronnes.
On ne peut pourtant pas dire que les manifestations violentes envers les femmes aient disparu, ni même qu’elles soient en régression. Aux États-Unis, une femme est battue par son conjoint toutes les 30 secondes, cependant qu’en Afrique du Sud une femme est violée toutes les 23 secondes. Et n’allez surtout pas croire que notre société française soit à l’abri de ces pratiques moyenâgeuses. Une semaine après la journée contre les violences faites aux femmes, s’achevait le procès en appel de Jacqueline Sauvage, déjà condamnée en première instance à 10 ans de prison pour le meurtre de son mari violent. Elle avait en effet tiré trois fois dans le dos de son mari avec un fusil, après une énième séance de coups qu’elle avait subie de sa part. Ses deux filles, elles aussi victimes de leur père, ont témoigné en sa faveur, mais en vain. Le tribunal a confirmé la peine prononcée au premier procès. L’avocat général a demandé que la cour ne délivre pas un permis de tuer. Craignait-il donc la récidive ? Il a rejeté également la thèse de la légitime défense que plaidait l’avocat de Jacqueline Sauvage, au motif que la riposte n’était pas proportionnée à l’attaque. Selon lui, l’accusée avait répondu par trois coups de fusil à un coup de poing entraînant trois jours d’ITT. Compte-t-il pour rien les 47 années de calvaire endurées par cette femme, les violences et les viols subis par la mère et les filles de cet homme ?
Il est évidemment difficile à une société d’accepter que des citoyens se fassent justice eux-mêmes, et j’aurais compris que le tribunal prononce une peine symbolique, mais on ne peut pas admettre que l’on traite une affaire telle que celle-ci comme un simple différend entre époux, en ignorant la violence institutionnelle qui a permis cet état de fait. Espérons que tout ce qui sera planté à la Sainte-Catherine prendra racine.