Qui suis-je pour juger ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 19 octobre 2015 10:56
- Écrit par Claude Séné
C’est le Pape François en personne qui s’interdit publiquement de juger les personnes homosexuelles, alors, vous pensez bien, au nom de quelle autorité morale pourrais-je m’adjuger le droit d’émettre un avis sur le comportement sexuel de qui que ce soit ? Pourtant, la révélation volontaire de son homosexualité par un prêtre polonais haut placé dans la Curie romaine amène à se poser quelques questions. Malgré la position modeste de son chef, l’église catholique, apostolique et romaine est notoirement homophobe, et la révélation d’une réalité probablement plus courante que l’on ne le croit l’a plongée dans un embarras visible.
Cette déclaration est scandaleuse pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle bat en brèche la fiction qui voudrait que l’église accueille tous ses enfants sans distinction et qu’elle est prête à absoudre tous les pêcheurs, à condition qu’ils se repentent. Et c’est là où le bât blesse : le père Krzysztof Charamsa se déclare pleinement heureux de vivre son homosexualité de façon épanouie. Pire encore, il s’affiche avec son compagnon et ne veut absolument pas renoncer à son engagement en tant que prêtre. C’est sur ce point que l’on peut relever une contradiction. En étant ordonné prêtre, il a prononcé des vœux qui l’amènent à s’engager dans la voie de la chasteté et à rendre son sacerdoce incompatible avec une vie de couple, que ce soit avec une femme ou avec un homme. Que le célibat des prêtres soit discutable, y compris au sein de l’église, n’y change rien. En demandant à représenter la communauté ecclésiale, l’assemblée du peuple au sens étymologique, le prêtre sacrifie une partie de sa vie personnelle et s’engage à respecter les canons de l’église.
Dans l’absolu, ce n’est pas à la hiérarchie catholique qu’il appartient de décider de la capacité du père Krysztof à poursuivre son apostolat, mais à lui-même d’apprécier la compatibilité de ses engagements personnels avec la doctrine de l’église. Bien qu’il se défende de subir l’influence d’un supposé lobby gay au sein de la Curie romaine, le prêtre polonais poursuit visiblement le but affiché de donner plus de visibilité à ses confrères, apparemment assez nombreux. Nul doute qu’il suit avec intérêt les travaux du synode sur la famille qui se tient actuellement au Vatican et dont l’enjeu tient dans le degré d’acceptation de la société comme elle est, y compris la reconnaissance de l’homosexualité en tant que telle.