
Le retour de Tina
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 22 mars 2025 10:53
- Écrit par Claude Séné

Tina est l’acronyme d’un slogan utilisé dans les années 80 par Margaret Thatcher, alors à la tête du Royaume Uni, et qui signifiait : « There Is No Alternative ». Cet argument d’autorité désignait le fait que selon « la dame de fer » comme on la surnommait, seule une économie libérale basée sur les lois du marché et le capitalisme pouvait apporter progrès et prospérité à l’ensemble de la population. La force de cette expression réside dans le fait qu’elle s’appuie sur une notion susceptible de s’imposer à tous, la liberté individuelle. C’est ce principe, dévoyé en contenu libertarien par des propagandistes, que l’on retrouve chez Elon Musk qui défend une liberté sans frein, où ne règne que la loi de la jungle.
Plus généralement, Tina est une notion très commode pour évacuer tout débat sur les choix économiques ou politiques d’un parti ou d’une personne au pouvoir. C’est ainsi que nous constatons subrepticement que la France se félicite d’avoir fait le choix du nucléaire dans la production d’électricité, au nom d’un calcul biaisé qui considère que ce serait la seule, ou du moins la meilleure technologie décarbonée, sans tenir compte du retard accumulé dans le développement des énergies renouvelables. Il y a bien eu un choix au sommet de l’état mais peu ou pas de concertations sur le terrain. Devant le fait accompli, que faire sinon tenter de limiter les effets indésirables à défaut de résoudre la délicate question de la gestion des déchets nucléaires, que nous léguons aux futures générations sans les scrupules que les dirigeants feignent d’éprouver sur la dette publique ou le financement des retraites.
Nous sommes aussi confrontés à une dure réalité concernant la défense de notre pays. Nous ne pouvons plus compter sur le soutien inconditionnel de notre allié de longue date, les États-Unis, et nous devons envisager la mise en place d’une capacité accrue de nous défendre contre un ou des ennemis potentiels sur le sol européen. Philosophiquement, peu de Français seraient sans doute prêts à prendre les armes à moins que notre existence même soit menacée. Il semble cependant inéluctable de devoir développer massivement une industrie militaire pour nous protéger et éventuellement prêter main forte à nos voisins. Contraints par la nécessité, et soumis à des obligations pour lesquelles il ne semble pas y avoir d’alternatives, nous serons tenus de préparer la guerre en souhaitant ne jamais avoir besoin de la faire. Si nous ne combattons pas forcément physiquement, les nouvelles priorités auront néanmoins un impact sur les choix budgétaires dans une économie contrainte. François Bayrou a donné le ton en avouant maladroitement qu’il ne comptait pas revenir sur l’âge de départ à la retraite, malgré des promesses qu’il n’a visiblement jamais eu l’intention d’honorer. Peut-être espère-t-il être sa propre alternative ?