Le train pour Pau

À peine nommé, François Bayrou se trouve confronté à une situation de crise en raison du cataclysme qui a frappé l’île de Mayotte avec le cyclone Chido. Les ministres démissionnaires, dont celui de l’Intérieur, se sont naturellement mobilisés, au-delà de la gestion des affaires courantes, et une réunion de crise a été organisée dans l’urgence au ministère de l’Intérieur à 19 heures hier. Une réunion à laquelle n’a pas participé physiquement le Premier ministre, car il a choisi de présider en personne à 18 heures la réunion du conseil municipal de Pau dont il est resté le maire.

Le symbole est désastreux et illustre bien les raisons qui ont conduit le législateur à interdire le cumul des mandats, considérant que chaque fonction mérite un investissement à plein temps pour être remplie efficacement. Le non-cumul ne s’applique pas obligatoirement aux ministres, qui peuvent, en théorie, conserver leur poste de Maire, mais dont plusieurs, comme récemment Jean Castex ou Édouard Philippe, ont préféré démissionner. François Bayrou lui-même avait défendu la loi sur le non-cumul, et a changé d’avis, probablement par convenance personnelle. En effet, ce mandat électif est le dernier et le seul qui lui reste et l’expérience malheureuse de Michel Barnier lui a démontré qu’un poste gouvernemental pouvait être aussi fugace et court qu’il a été long à décrocher. Que ce soit en vertu d’un désaveu parlementaire, par le truchement d’une motion de censure, déposée a priori, sur une déclaration de politique générale, réclamée par la France insoumise notamment, ou à l’occasion du vote du budget, le risque de devoir rendre son mandat au Président de la République qui le lui a confié est permanent.

J’ignore si le Premier ministre a pris le train pour assister au Conseil municipal de Pau, ni sur quel budget les frais de ce déplacement vont être imputés, mais l’on pense irrésistiblement au fameux sketch des duettistes Chevallier et Laspalès, qui lui conseilleraient probablement d’y aller en avion, qui est tellement rapide que les voyageurs n’ont même pas le temps de descendre. François Bayrou pourrait bien battre le record de Michel Barnier, qui a tenu 91 jours en tout et pour tout à Matignon. C’est peu, mais « c’est vous qui voyez », puisqu’il touchera quand même ses indemnités de licenciement, près de 48 000 euros brut et bénéficiera d’une voiture et d’un chauffeur à vie, sans parler d’une retraite plus que confortable avec 28 000 euros brut environ, dus à des fonctions diverses et variées exercées pendant un demi-siècle. Comment s’étonner que ces stakhanovistes de la politique veuillent imposer des lois hors-sol sur l’âge de départ à la retraite et traînent des pieds pour les réviser ? « Y’en a qui ont essayé… ils ont eu des problèmes ! »

Commentaires  

#1 jacotte 86 17-12-2024 12:05
premier caillou dans sa chaussure ...la victoire à "l'arraché" de sa nomination semble lui avoir porté au cerveau!
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