La France « en voie de développement »
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 16 décembre 2024 11:04
- Écrit par Claude Séné
Nous nous enorgueillissons de faire partie du peloton de tête des pays qui comptent dans le monde, même si notre classement fondé sur le produit intérieur brut n’a cessé de reculer depuis le début de l’ère moderne, et que notre influence est en berne sur beaucoup de sujets. Le passage du cyclone Chido sur l’île de Mayotte devrait nous ramener à une certaine modestie. Il est impossible de dresser immédiatement un bilan des dégâts matériels et de dénombrer les morts et les blessés graves, mais cela risque de se compter par centaines ou même par milliers.
Une situation qui fait penser à celle d’Haïti, ravagée périodiquement par des phénomènes dits « naturels » qui maintiennent l’île dans une situation de misère endémique. La meilleure preuve de notre difficulté à faire face à la situation chaotique dans le 101e département français, c’est l’offre d’aide de la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, probablement non dépourvue d’arrière-pensées politiques, mais que nous serions bien inspirés d’accepter, l’orgueil d’Emmanuel Macron dût-il en souffrir. La situation mahoraise est préoccupante, car le cyclone s’est abattu sur un territoire, le plus pauvre de France, déjà soumis à une situation démographique hors de contrôle avec un habitat plus que précaire. Un tiers des habitants, plus de 120 000 personnes, était logé dans des baraquements de fortune. La plupart de ceux qui vivaient dans ces bidonvilles sont dépourvus de papiers et sont dans l’illégalité la plus complète. La reconstruction va être longue et compliquée alors que même les bâtiments « en dur » ont été endommagés ou détruits. L’aide humanitaire, d’où qu’elle vienne, va devoir parer au plus pressé, dès que les infrastructures routières, maritimes et aériennes seront rétablies.
L’urgence absolue, après le secours aux victimes, sera l’approvisionnement en eau, en nourriture, en énergie et en médicaments, mais le relèvement du territoire prendra des semaines, des mois ou des années selon les cas. Et le problème de l’immigration clandestine restera devant nous, faisant le jeu de l’extrême droite en servant d’épouvantail contre toute politique d’ouverture des frontières. Le cyclone Chido, qui n’a eu de précédent comparable qu’en 1934, va certainement être suivi d’autres phénomènes similaires. Tous les experts sérieux en matière de climat s’accordent sur les conséquences prévisibles du réchauffement climatique qui aboutira à des accumulations de sources d’énergie cataclysmiques qui ne se résolvent que sous la forme de ces tornades et autres typhons dévastateurs. Tout le monde connait désormais les risques, et même les plus sceptiques comme le futur président Trump sont obligés de les reconnaître, mais il faudra attendre que sa résidence principale de Mar-a-Lago en Floride soit touchée pour qu’il accepte de prendre enfin les mesures qui s’imposent.