Ça va finir par se voir
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 24 février 2024 10:48
- Écrit par Claude Séné
Le dialogue fictif qui va suivre a été rigoureusement inventé par mes soins et n’a fait en aucun cas appel à la moindre intelligence artificielle. Je ne peux toutefois pas imaginer qu’un échange de cette nature n’a pas pu, et même dû se produire à un moment ou un autre entre le président de la République et l’un de ses nombreux conseillers, bien qu’il refuse visiblement de les suivre, voire de les écouter. Le conseiller : « monsieur le président, ne croyez-vous pas que cette fois-ci les gens vont s’apercevoir de quelque chose ? » Le président : « voyez-vous, Machin, ce qui a toujours marché jusqu’ici n’a aucune raison de ne pas fonctionner cette fois encore »
« Je n’ai pas besoin de vous rappeler comment j’ai réussi à désamorcer les pires crises du régime, en commençant par la révolte des gilets jaunes, qui avaient quand même réussi à mettre le pays à genoux, mais qui n’ont pas survécu au grand débat où de nombreux poissons ont fini noyés. À chaque problème, son débat. Il suffit de mettre les acteurs autour d’une table, les laisser étaler leurs contradictions, puis ramasser la mise en proposant quelques mesurettes convenablement affublées de modernité apparente en utilisant un vocabulaire ad hoc parsemé de formules latines. Selon les circonstances, on pourra faire appel au mot Grenelle pour l’environnement, ou l’éducation, ou un équivalent comme le Ségur de la Santé, en référence aux accords passés en 1968 dans un rapport de forces très défavorable au pouvoir. Bon, Machin, vous avez l’habitude, lancez-moi les invitations pour samedi matin ! »
Allez savoir pourquoi, les paysans ne se sont pas laissé embobiner par des formules creuses et de vagues promesses. Au point que même la très conciliante FNSEA a été obligée de suivre le mouvement de sa base, hostile au fameux débat et a refusé d’y participer, surtout si leurs ennemis jurés du Soulèvement de la Terre étaient aussi invités par suite d’une supposée « erreur » du protocole. Jusqu’au très influent Michel-Édouard Leclerc qui, flairant le piège, déclinait une invitation qu’il n’avait d’ailleurs pas reçue, ruinant ainsi les derniers espoirs d’une issue honorable pour l’Élysée. Le résultat, on le connait : une piteuse annulation du débat en rase campagne, c’est le cas de le dire. Un Salon qui ouvre ses portes avec retard après des heurts, des bousculades, des manifestations hostiles réprimées par les forces de l’ordre et un constat d’échec tiré par le président lui-même, après avoir échangé avec les organisations syndicales. Reste à savoir si Emmanuel Macron, qui était prêt à sacrifier le dernier écologiste sur l’autel de la paix sociale, trouvera la formule magique pour résoudre la quadrature du cercle des exigences contradictoires des petits paysans et les intérêts des gros groupes agroalimentaires.
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