Meilleur raboteur de France

Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, devrait être désigné à l’unanimité MOF, meilleur ouvrier de France, dans la catégorie rabotage. En effet, il nous a trouvé 10 milliards d’économies, simplement en rognant sur certaines dépenses soigneusement triées sur le volet, alors que nous pensions que le budget de l’état était déjà à l’os, en tout cas, c’est ce que le gouvernement nous avait vendu au moment d’adopter le projet de budget 2024, il y a quelques mois à peine. Le gros intérêt pour les politiques qui nous gouvernent, c’est de pouvoir effacer d’un trait de plume toutes les décisions péniblement acquises dans les équilibres budgétaires entre les ministères en signant un simple décret, non soumis à la représentation nationale, dernier vestige d’une démocratie à bout de souffle.

L’exercice est d’autant plus délicat que le ministre de l’Économie se soumet à une contrainte émanant du Président, et qu’il répète comme un mantra à chaque discussion sur les finances de l’état : « il n’y aura pas de hausses d’impôt ». À un certain niveau, ce n’est même plus de l’obstination, mais de l’acharnement. Compte tenu de l’inflation, les services publics ne pourront que voir leur situation se dégrader par manque de moyens, justifiant ainsi le recours aux services privés en déplaçant le problème, faute de vouloir le régler. Les 10 milliards d’économies vont toucher une trentaine de domaines, soit autant de reculs sur de soi-disant priorités nationales. Le plus gros contributeur sera sans surprise l’écologie, qui a toujours été le parent pauvre de ce régime et la première variable d’ajustement. Il ne s’agit pas seulement de coupes claires dans les budgets nationaux. Les aides à la rénovation des logements et les primes pour les véhicules électriques vont baisser, et avec elles les commandes.

Le budget de l’éducation va aussi souffrir, entraînant mécaniquement des suppressions de postes à la place des créations promises, au détriment des élèves, des familles et accessoirement des conditions de travail des enseignants. Toutes ces coupes budgétaires ont été décidées sans la moindre concertation, visiblement réservée au monde paysan en raison de l’urgence. Au passage, les 10 milliards d’économies ne sont pas destinés à calmer la grogne des agriculteurs, ce n’est donc que partie remise, et l’état devra encore remettre au pot. La situation n’est pourtant pas aussi désespérée qu’on pourrait le croire. Des marges de manœuvre existent. Par exemple le rétablissement de l’ISF sur la richesse globale et pas seulement immobilière, la suppression d’un certain nombre d’allègements fiscaux, la taxation effective des plus grosses multinationales. Il suffirait, pour reprendre l’expression favorite de la députée de la majorité relative Fadila Khattabi, d’ouvrir un peu ses chakras au lieu de suivre aveuglément le dogme libéral du président et trop faire confiance au marché pour réguler la société.

Commentaires  

#1 jacotte 86 23-02-2024 12:20
je ne dirai qu'un seul mot....partage!!!
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