Dissuasion

« Alors, tu vas parler de quoi dans ton billet, demain ? La condamnation de Sarkozy, je suppose ? » me disait hier ma lectrice de la première heure, mon invitée que vous retrouvez tous les dimanches ici même dans des chroniques toujours très documentées et intéressantes. « Écoute, je ne sais pas, je n’ai pas encore choisi mon sujet. J’essaie de coller à l’actualité, et c’est vrai que les aventures judiciaires de Sarko, ça commence à sentir un peu le réchauffé. » À bien y réfléchir, je vais quand même me saisir de ce sujet, ne serait-ce qu’en souvenir du temps où Nicolas Sarkozy défrayait toujours la chronique de votre humble serviteur en suscitant une polémique tous les jours, ou presque. 

Cette fois-ci, il s’agit du procès en appel de l’ancien chef de l’état dans l’affaire Bygmalion, pour une accusation de dépassement illégal de ses frais de campagne présidentielle. Rappelons qu’en première instance, Nicolas Sarkozy a été condamné à un an de prison ferme. En appel, la peine est la même, mais il bénéficie du sursis pour 6 mois. Ses avocats ont formulé un recours en cassation qui lui permet d’échapper pour le moment à l’exécution de la sentence. Ce recours s’ajoute à celui déjà déposé dans l’affaire dite des écoutes, pour laquelle il a été condamné en appel à un an de prison ferme, aménageable sous bracelet électronique. Et l’ancien président n’en est pas quitte des procédures pour autant, car il devra encore répondre du financement présumé illégal de sa campagne de 2007 qui aurait été payée en partie par des fonds du dictateur Kadhafi, en échange de bons et loyaux services. Sans compter les soupçons de trafic d’influence dans l’attribution du mondial de football au Qatar qui avait surpris tous les observateurs, et une activité suspecte de conseil auprès d’une société russe liée à Vladimir Poutine.

Il y a deux façons d’apprécier ces procédures judiciaires, ces casseroles que traine Nicolas Sarkozy et qu’il essaie de freiner le plus possible pour en amoindrir le tintamarre. La première c’est de se réjouir que même un personnage qui a exercé les plus hautes responsabilités de l’état soit sanctionné pour ses activités délictueuses. Nul ne devrait pouvoir échapper à la loi, qu’il soit puissant ou misérable. Cette impunité apparente dans l’exercice de leurs fonctions des responsables politiques est intolérable, même si la fonction doit être protégée. Il faudra encore plusieurs années avant que tous les recours possibles soient purgés, au point que les sanctions, si elles sont appliquées, sembleront déconnectées des fautes qui les ont provoquées. Et surtout, le fait générateur de la ligne de conduite détestable de certains dirigeants ne sera pas aboli. Ces personnes indélicates se croient tout permis et s’imaginent être au-dessus des lois parce que la justice ne permet pas de les dissuader au moment voulu. Il est nécessaire qu’elles payent, y compris de leur personne.