Signatures
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 2 janvier 2024 11:19
- Écrit par Claude Séné
Vous connaissez la formule, peut-on rire de tout ? Et la réponse de Pierre Desproges : oui, mais pas avec n’importe qui… La question peut être transposée au principe des pétitions ou des tribunes destinées à prendre position publiquement en faveur ou à l’encontre de telle ou telle personnalité connue. On en a vu un exemple frappant avec les derniers rebondissements de ce que l’on pourrait appeler l’affaire Depardieu. Une soixantaine de célébrités avait signé la pétition de soutien à l’acteur, principalement des comédiens, souvent des amis ou des proches, en partie par réflexe de solidarité, sans nécessairement avoir totalement conscience de la portée de leur démarche.
Après coup, plusieurs de ces soutiens ont publiquement fait machine arrière, en mesurant les répercussions de leur signature qui parait cautionner des comportements et des paroles sexistes, allant jusqu’au viol ou l’agression sexuelle, alors que l’affaire n’est pas encore jugée, ni même instruite. Pour la plupart d’entre eux, ils auraient signé uniquement en faveur de la présomption d’innocence, à laquelle a droit tout justiciable. Soit. Mais ont-ils vraiment lu le texte de la tribune ? se sont-ils renseignés sur le rédacteur de ce texte mal dégrossi et ses affinités profondes ? N’ont-ils pas, comme le reconnait avec honnêteté Pierre Richard, fait preuve d’un manque de vigilance en signant trop hâtivement en faveur de leur collègue ou ami, sans tenir compte des répercussions et de leur effet sur les victimes de ces agissements ? D’autres signataires ont aussi pris leurs distances, y compris Carole Bouquet, ex-compagne de Gérard Depardieu, ou Nadine Trintignant, Dominique Besnehard, Gérard Darmon, Charles Berling, et même Yvan Attal, plus nuancé sur le sujet qu’il y a seulement quelques jours.
Il faut dire que le rédacteur de la tribune sent le soufre pour la plupart de ces personnalités souvent classées plutôt à gauche. Yannis Ezziadi, peu connu comme comédien, a collaboré au journal Causeur, fondé par la polémiste Élisabeth Levy, classée tantôt à l’extrême droite, tantôt dans la droite réactionnaire. Il serait proche de Sarah Knafo, l’âme damnée d’Éric Zemmour pendant la campagne présidentielle. C’est donc ce monsieur, qui se fâche tout rouge quand on le taxe d’appartenir à une mouvance très orientée à droite, ce qui est un signe courant de confirmation des idées extrémistes, qui est la plume des défenseurs de l’acteur préféré d’Emmanuel Macron. Personnellement, si Yannis Ezziadi affirmait désormais qu’il fait jour à midi, je vérifierais soigneusement l’information avant de la valider, de peur d’être associé contre mon gré à des thèses farfelues. Car enfin, les accusations qui sont portées à l’encontre de Gérard Depardieu, et dont il devra répondre devant la justice, n’ont aucun rapport avec son talent de comédien, si ce n’est de lui servir d’excuse dans la tête de certains. En dénonçant des actes répréhensibles, on ne cherche pas à « effacer » les prestations de l’acteur, mais simplement à rendre justice aux plaignantes. Que les professionnels de la profession se rassurent : l’art n’est ainsi nullement mis en danger, au contraire des artistes, auteurs ou victimes de ces abus.