Danse de Saint-Guy
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 1 janvier 2024 10:30
- Écrit par Claude Séné
Comme dans une auberge espagnole où l’on peut apporter son panier, chacun retiendra sans doute ce qui l’intéresse du discours prononcé par Emmanuel Macron avant le passage à 2024, et que l’on a l’habitude d’appeler « les vœux présidentiels », bien que la plupart du temps il ne soit fait aucune allusion à des souhaits, les politiques préférant donner une image volontariste plutôt que d’attendre la solution aux problèmes de la population d’une quelconque providence. Peut-on alors parler de « bonnes résolutions », que le président prendrait pour une nouvelle année ? Encore faudrait-il qu’il accepte le début d’une ombre d’autocritique, qui ne fait pas partie de son vocabulaire.
Au maximum, Emmanuel Macron a pu parfois lâcher un « on n’a pas tout bien fait » pour enchaîner sur « on fera mieux encore la prochaine fois. » Pour ma part, ce que je retiendrai de ce discours tout entier tourné sur la défense et l’illustration de sa politique, ce plaidoyer « pro domo » dont la principale qualité était d’être un peu plus court que d’habitude, c’est l’obsession présidentielle de toujours paraître en mouvement, si possible là où l’on ne l’attend pas. Je n’ai pas compté, mais le verbe agir, ou sa variante l’action, est probablement celui qui est revenu le plus souvent, comme si le changement était nécessairement positif. La mode en a été lancée par Sarkozy, qui tentait de se démarquer de ses concurrents en n’étant jamais là où on le croyait et en empilant les lois souvent inutiles ou carrément nuisibles. Emmanuel Macron imagine probablement que les Français attendent toujours plus de « réformes » alors qu’ils constatent que la loi sur les retraites pénalise à peu près tout le monde, sans bénéfice réel pour quiconque, et ce n’est qu’un exemple. Quand la priorité des Français est clairement l’inflation et la vie chère, une énième loi sur l’immigration, qui ne résout aucun problème de la vie courante, est bien le cadet de leurs soucis.
Il est permis de se demander si cette manie de la « bougeotte » qui atteint Emmanuel Macron ne serait pas constitutive de sa personnalité, avec l’idée sous-jacente de devenir une proie facile en restant immobile, exposé à la critique de ses adversaires. On l’a vu à l’œuvre dans le domaine de la politique étrangère, où il multiplie les initiatives malgré le peu d’écho de ses propositions, en s’obstinant à vouloir jouer dans la cour des grands, un cercle très fermé où la France ne pèse plus autant qu’au sortir de la 2e guerre mondiale. Alors, modestement, je nous souhaite à tous une année moins mouvementée, mais plus apaisée, où les inégalités commencent enfin à reculer dans notre pays et dans le monde. Ce serait déjà beaucoup.