Little Boy
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 8 décembre 2023 10:54
- Écrit par Claude Séné
C’est le nom que les militaires américains avaient donné à la bombe atomique qui fut larguée sur la ville d’Hiroshima le 6 août 1945, qui entraîna la destruction presque totale des bâtiments et fit probablement 120 000 morts entre les victimes directes de l’explosion et les populations exposées aux radiations qui en mourront des années plus tard. Le 9 août, une deuxième bombe, encore plus puissante, surnommée « Fat man », s’abattait sur Nagasaki. Les historiens estiment généralement que ces deux frappes et la menace de poursuivre la guerre en utilisant ces nouvelles armes ont permis d’obtenir la capitulation du Japon plus rapidement.
C’est au nom d’un raisonnement de ce type que les dirigeants israéliens justifient le recours à des bombardements massifs sur la bande de Gaza. Selon les chefs militaires de Tsahal, plus vite on aura anéanti le mouvement terroriste du Hamas, plus rapidement la guerre prendra fin. Et tant pis s’il faut ensevelir une grande partie de la population arabe sous un tapis de bombes pour y parvenir. Les experts s’accordent à dire que l’on ne peut pas détruire une idéologie par des moyens militaires. Il faut donc en conclure que les buts de guerre, que les dirigeants étrangers n’arrivent toujours pas à comprendre précisément, sont autres. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, mais au-delà des dommages subis par l’ensemble du territoire et des habitants de Gaza, le message est probablement de dissuader toute forme de résistance. Dans le passé, les armes courantes des Palestiniens consistaient en jets de pierre, qui ont donné leur nom aux conflits, les « intifadas ». En retour, Israël leur renvoie la menace de répliquer à chaque pierre par des bombes de plusieurs centaines de kilos.
Tout le monde sait, et les dirigeants israéliens les premiers, que cette politique de terre brûlée a une efficacité limitée. Deux mois de bombardements intensifs n’ont permis à Israël de contrôler qu’environ 60 % du territoire au nord de la ville de Gaza. Les chefs du Hamas qui ont été tués seront remplacés. Quant aux populations, elles sont confortées dans leur haine à l’égard de ceux qu’ils considèrent comme des occupants, ce qui constitue un terreau pour de futurs combattants. Depuis son accession au pouvoir, Benyamin Netanyahou n’a cessé de chercher à gagner du temps pour ne pas négocier le moindre arpent des territoires occupés en toute illégalité. Les historiens discutent le point de vue sur le bien-fondé de l’utilisation de l’arme nucléaire contre le Japon. A-t-elle vraiment sauvé des vies ? Les Palestiniens ne capituleront pas, même s’ils le voulaient. Il leur faudrait pour cela être reconnus comme un état à part entière, et qu’on les considère comme des interlocuteurs valables, ce qui implique la réciprocité, dans des frontières « sûres et reconnues ».