La ferme !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 7 décembre 2023 11:07
- Écrit par Claude Séné
Dire que Jean-Luc Mélenchon irrite à la fois ses derniers sympathisants comme ses adversaires les plus farouches est encore en dessous de la réalité. Le titre même du mouvement qu’il a créé, la France insoumise, est déjà, dès l’origine, l’annonce d’une position radicalement opposée à l’autorité, qui n’accepte pas pour argent comptant les affirmations du pouvoir, ce que l’on peut comprendre, mais qui se traduit par des provocations permanentes, dont certaines sont contre-productives. La stratégie de Mélenchon consiste à brandir le bruit et la fureur pour claironner haut et fort qu’il est le « lider maximo », tout en mettant au défi la relève, la jeune génération, de « faire mieux » que lui.
Il a réussi dernièrement à entraîner le président du Sénat dans une surenchère médiatique, exemplaire du degré zéro de l’argumentation politique. Gérard Larcher, répondant à une provocation gratuite visant Ruth Elkrief, lui ayant demandé de « fermer sa gueule », il s’en est suivi une polémique par lieutenants interposés. Il n’y a pas encore si longtemps, tout cela se serait terminé à l’aube dans un pré carré après que les insultés se soient accordés sur le choix des armes. Le spectacle de la faillite de notre système démocratique, englué dans des débats subalternes, à la recherche d’une majorité de circonstances, n’est pas de nature à susciter un regain d’intérêt des citoyens. Jean-Luc Mélenchon semble avoir pris acte du fait qu’il a laissé passer sa chance, tout en en rejetant la faute sur ses alliés et ses adversaires. Il ne prône pas « le coup d’état permanent », mais il semble croire à la possibilité d’agréger tous les mécontentements, et pour cela, il lui faut provoquer sans relâche en hystérisant le débat.
Cette démarche me fait penser à celle utilisée en son temps par le fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, qui lui a permis d’atteindre la barre de 18 % des suffrages au premier tour des élections présidentielles de 2002 et de se qualifier au second tour au détriment d’une gauche insuffisamment unie. Cette position de parti des mécontents a ainsi montré sa force, réelle, et sa faiblesse, un plafond de verre empêchant l’accession au pouvoir. Le Front National a depuis adopté une position plus conciliante, d’aucuns diront à raison, plus hypocrite, et s’est donné une image de respectabilité, qui porte malheureusement ses fruits. L’attitude à l’égard de la presse est d’ailleurs une pierre de touche des positionnements politiques respectifs de l’extrême droite et de la gauche de la gauche. Il y a peu, les journalistes tels que ceux de Quotidien étaient refoulés systématiquement aux réunions du Rassemblement national. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pendant ce temps, Jean-Luc Mélenchon pilonne la presse, en croyant représenter la masse de la population. Il faudra plus et mieux pour reconstruire une alliance, au-delà de la NUPES.