La relativité

Appliqué à la vie courante, c’est un concept élargi de la relativité d’Einstein que je laisse aux scientifiques !

Relativiser, c’est faire perdre son caractère absolu à quelque chose en le mettant en relation avec quelque chose d’analogue, de comparable pour le ramener à de justes proportions. C’est aussi considérer quelque chose comme ayant une importance relative. Rendre les choses moins graves qu’elles le sont en réalité en leur ôtant leur caractère absolu.

Cela peut être une façon d’échapper à l’inquiétude, de nous rassurer, de ne pas prendre les choses trop à cœur, surtout quand nous n’avons pas le contrôle de tous les événements.

Pour les stoïciens, relativiser, c’est prendre une distance avec les réactions que nous avons spontanément, voir les choses pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des impressions, des idées et non la réalité. Parmi les choses, les unes dépendent de nous, opinion, tendance, désir, aversion, et les autres n’en dépendent pas, tout est une question de regard. Relativiser c’est apprendre à voir les choses du bon côté, même un incident ou un événement négatif, peuvent avoir pour conséquence des directions positives !

Pour Pascal, l’homme doit prendre conscience de la nécessité de relativiser sa position face aux vastes étendues de l’univers, conscient des infiniment petits et des infiniment grands, « l’homme pourra se regarder comme égaré dans ce petit cachot… j’entends, l’univers, pour apprendre à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même, à son juste prix ».

De cette perception des choses sont nées les théories philosophiques du relativisme, qui tiennent qu’il n’y a rien d’absolu, au contraire de l’absolutisme qui tient une seule référence comme absolue. Le relativisme culturel est illustré par Pascal : « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » qui va au-delà de l’ethnocentrisme de ses contemporains.

Est relative une règle ou une valeur d’un groupe humain, si cette règle, cette valeur ne vaut pas pour les autres groupes humains.

Descartes soutient qu’aucun groupe humain ne peut l’emporter sur les autres pour régler les mœurs. « Il y a peut-être des hommes aussi bien sensés parmi les Perses ou les Chinois que parmi nous ».

Non seulement la valeur d’une action varie dans l’espace suivant le pays, mais aussi dans le temps suivant les générations.

La science elle-même, d’après son degré de connaissance, nous oblige à relativiser une conduite qui n’est jamais absolument bonne, mais bonne relativement au degré atteint de la science.

Le relativisme moral explique que dans un monde caractérisé par un « polythéisme » des valeurs, il n’existe pas de vérité absolue ou objective, tout idéal, ou tout modèle, est circonscrit dans son aire de validité relative. Un individu tient pour vrai ce que sa culture tient pour vrai. Chacun crée sa propre morale à partir de la même histoire. Cela peut, à l’extrême, conduire au communautarisme !

Quant au relativisme politique, il pourrait s’appeler opportunisme, trahison, veste retournée…

Peut-on relativiser la situation des femmes afghanes, avec quelle autre situation analogue peut-on la mettre en relation ? Peut-on relativiser la barbarie des massacres du 7 octobre ? S’il existe un autre événement encore plus barbare qui justifie de le relativiser, c’est à désespérer de l’humanité !

Bien que la relativité soit une caractéristique de la condition humaine, le chemin à prendre entre absolutisme et relativisme (supposé nous faire échapper à l’inquiétude), est difficile et ne nous exonèrera pas de nos culpabilités d’impuissance.

L’invitée du dimanche