Temps suspend ton « vol »

Voilà un concept auquel il est difficile de se confronter, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, des philosophes, des scientifiques nous en ont donné leurs définitions, souvent tellement abstraites qu’elles deviennent incompréhensibles pour le commun des mortels !

Pourtant, nous ne pouvons pas échapper à son emprise, et j’en ai retenu quelques éclairages.

Le temps est conçu comme un milieu infini dans lequel se succèdent des événements, des phénomènes, des changements, et leur représentation dans la conscience.

Selon Saint-Augustin, le temps est une énigme, ce qui est passé n’est plus, ce qui est à venir n’est pas encore, ce qui est présent relève seulement du temps parce qu’en lui le futur doit rejoindre le passé. Le présent n’existe pas plus que le passé et le futur, il disparaît à chaque instant et devient passé, c’est un acte de conscience. Pour Platon, c’est une image mobile de l’éternité.

Il n’y a pas de temps sans les événements qui le remplissent, dans le temps mort il ne se passe rien ! Dans son aspect cyclique, le rythme des jours, des nuits, des saisons, est une horloge naturelle, ce n’est pas un recommencement, tout a un début et une fin, le temps est irréversible malgré ses rythmes naturels, d’où l’angoisse pour l’humain face « au temps qui passe », car dans son aspect linéaire l’évolution va inexorablement de la naissance à la mort !

Quand on veut penser le temps, on pense aux choses qui changent, celles qui meurent et vieillissent par exemple…

Il y a un temps psychologique propre à chacun, qu’on appelle la durée, cela correspond à notre vécu biologique, humain, concret, qui fait partie de notre conscience et de notre intériorité, qui se différencie du temps physique abstrait, mécanique, calculé par les physiciens en lien avec l’espace.

Avoir la sensation que le déroulement du temps va de plus en plus vite, plus on avance en âge, est banal, troublant, voire angoissant et nous questionne !

J’ai trouvé quelques réponses dans les recherches scientifiques, cette sensation serait due à trois causes objectives : 1 le vieillissement du cerveau, 2 le ralentissement du métabolisme, et 3 la routine du quotidien.

1 L’information circule de plus en plus lentement, car les réseaux de nerfs, de neurones se dégradent et en ralentissent la diffusion. Le cerveau enregistre et traite de moins en moins d’images mentales, or l’esprit humain ressent le passage du temps quand il perçoit de nouvelles images mentales, les personnes âgées perçoivent de moins en moins d’images mentales durant une journée, d’où l’impression que le temps passe plus vite.

2 L’horloge biologique se dégrade progressivement par un ralentissement naturel de notre métabolisme au fil des ans.

3 Notre univers étant très familier, on ne remarque plus les détails, on fait moins de nouvelles expériences.

Cette sensation d’accélération du temps est progressive et existe par tranches de vie, elle est incontournable et l’on en prend de plus en plus conscience, jusqu’à devenir signe de vieillesse ! On comprend alors que seule la mort pourra suspendre le temps et que c’est l’histoire même de la vie !  

« Je m’aperçus pour la première fois, d’après les métamorphoses qui s’étaient produites dans tous ces gens, du temps qui avait passé pour eux… ce qui me bouleversa, par la révélation qu’il avait passé aussi pour moi… leur vieillesse me désolait, en m’avertissant des approches de la mienne »

« Le temps retrouvé » Proust

L’invitée du dimanche