Et voili !

Encore une nouvelle inquiétante pour la démocratie avec les résultats des élections aux Pays-Bas, qui donnent le parti populiste de Geert Wilders en tête dans les sondages à la sortie des urnes, avec 37 sièges de députés en sa faveur sur 150. Je rassure tout de suite ceux d’entre vous qui possèdent des actions et des obligations, car la Bourse de Paris ne montre aucun signe de fébrilité. Le risque de voir le Parti pour la liberté exercer le pouvoir reste soumis à la formation d’une coalition avec d’autres partis, qui, pour l’instant, ne se prononcent pas. Il faut espérer un sursaut républicain pour barrer la route à l’extrême droite.

Par coïncidence, ou pas, Marine Le Pen était invitée par France Inter pour une intervention en longueur sur les sujets d’actualité. Une invitation devenue complètement banale, qui lui a permis de développer ses idées sur ses thèmes de prédilection, sans être plus que cela poussée dans ses retranchements. Quand son père dirigeait le Front national, ses passages à l’antenne étaient rares et les interviewers se pinçaient le nez, quand ils ne sortaient pas carrément les gants de boxe, comme Paul Amar pour un débat entre Jean-Marie Le Pen et Bernard Tapie en 1994. Désormais, Marine Le Pen se pose en interlocuteur raisonnable aux yeux de l’opinion qu’elle tente de rallier à sa cause. Elle y est d’ailleurs grandement aidée par la montée d’une frange encore plus droitière que sa propre formation, la mouvance incarnée par Éric Zemmour ou Marion Maréchal, qui tente de déborder le Rassemblement national en étant encore plus outrancier dans ses positions.

Un assez bon exemple en est donné par les réactions vis-à-vis du fait divers récent où un jeune de 16 ans a été tué dans un bal de village dans la Drôme. Là où les journalistes évoquent une rixe qui a mal tourné, Marine Le Pen a employé le terme de razzia, qui est loin d’être neutre, puisqu’il est d’origine arabe, et tente d’accréditer insidieusement une responsabilité liée à l’immigration, alors que l’auteur présumé des coups de couteau est de nationalité française. Mais pour le parti Reconquête, ce n’est pas assez. Au-delà de la dénonciation d’un « ensauvagement », c’est, selon lui, un « francocide », le résultat d’un « racisme anti-blanc » et toute cette idéologie de caniveau qui s’étale complaisamment sur les réseaux sociaux. Grâce à toutes ces outrances, le parti de Marine Le Pen peut apparaître comme relativement modéré et fréquentable. Dans sa façon de s’exprimer, elle a gommé les aspérités et emploie un ton assez égal, en proférant des propos au fond très violents vis-à-vis des étrangers, rendus coupables de tous nos maux, et elle conclut la plupart de ses phrases par un « voilà ! » qui souligne et devient une sorte de tic de langage, comme si elle était le bon sens personnifié. Les Français ne seront, je l’espère, pas dupes.