En attendant la trêve

Voici quelques jours que la rumeur d’un échange entre le Hamas et Israël devient de plus en plus crédible, et l’on apprend petit à petit quels seraient les termes de cet accord, très attendu par les familles des otages encore détenus dans la bande de Gaza. Dans un passé pas si lointain, les libérations d’otages étaient effectives très rapidement après leur annonce. On se souvient par exemple des infirmières bulgares de Libye ramenées triomphalement en France, officiellement grâce à l’intervention de Cécilia Sarkozy, alors épouse du président français. Dans un passé plus ancien, c’est Jacques Chirac, accompagné de Charles Pasqua, qui accueillera les journalistes français retenus en otages au Liban sur le tarmac de Villacoublay.

En général, les termes des accords restaient secrets, et officiellement la France ne verse jamais de rançon. Cette fois-ci, même si l’on n’en connait pas le détail, les négociations sont plus ou moins rendues publiques, et depuis plusieurs jours. On peut faire le rapprochement avec la marche de Tel-Aviv à Jérusalem effectuée par les familles pour peser sur le gouvernement israélien. La libération des otages n’est, en effet, que le deuxième objectif de l’armée, après celui de l’anéantissement du Hamas, qui devient de plus en plus incertain. Tout se passe comme si Tsahal, l’armée d’Israël, avait engagé une course contre la montre pour faire le maximum de dégâts avant d’être arrêtée par le gouvernement civil sous la pression de l’opinion internationale, et surtout celle de la population israélienne, de plus en plus critique sur les victimes civiles à Gaza. Le Hamas, quant à lui, cherche avant tout à obtenir une trêve, une cessation des combats, qui lui permettrait de souffler, en espérant que les opinions publiques finissent par imposer un cessez-le-feu suffisamment long pour dissuader Israël de reprendre les combats.

Il est question pour le moment de la libération d’une cinquantaine d’otages en échange d’une trêve de 4 jours et de 150 prisonniers palestiniens. Il restera encore beaucoup d’otages aux mains du Hamas, et l’affaire pourrait traîner en longueur, à moins qu’une négociation sur le fond ne s’engage entre les parties belligérantes en abordant le véritable enjeu qui a été introduit par la force par le Hamas, qui est la recherche d’une coexistence pacifique entre deux états souverains, dans des frontières sûres et reconnues, telles qu’elles étaient en discussion à Oslo, puis à Camp David, avant que l’assassinat d’Yitzhak Rabin par un ultranationaliste israélien ne vienne ruiner les espoirs des partisans de la paix. La solution dite à deux états est restée depuis une coquille vide, faute de volonté politique de lui donner un contenu. Pire, la politique de colonisation à outrance de la Cisjordanie, voulue par l’actuel Premier ministre et ses soutiens les plus extrémistes, complique chaque jour la situation et la recherche d’un nécessaire compromis. Puisse cette trêve tant attendue advenir, contrairement à Godot, qui, on le sait, ne vient jamais.