Le déserteur

« Monsieur le Président, j’ai reçu votre lettre, je la lirai peut-être, dès que j’aurai le temps. C’est pas pour vous fâcher, il faut que je vous dise, votre décision est prise, vous avez déserté. S’il faut battre le pavé, pour une bonne cause, passez donc le premier, nous vous cédons le pas. Des manifestations, ce n’est pas la première, ça ne sera pas la dernière, mais vous vous en fichez. Vous êtes bien au chaud, dans un palais douillet. Envoyez vos gendarmes sur les routes de France, de Bretagne en Provence, et ils sauront tirer. » Pour copie conforme, Boris Vian, sur un air connu.

Pour une fois, Emmanuel Macron avait l’occasion de participer à une manifestation qui se voulait unanimiste. On lui accordait même le privilège de prendre la tête du cortège et d’être accompagné du gouvernement presque au complet y compris la Première ministre, ainsi que de deux anciens présidents de la République, les autres étant excusés pour cause de décès, et les présidents des chambres du Parlement, à l’origine du rassemblement. Au bout d’un suspense insoutenable toute la semaine, faisant miroiter l’hypothèse de sa présence tel un joyau dans un écrin d’apparat, la décision du souverain est tombée. Les Français voulant s’opposer à l’antisémitisme devront se passer de Sa Majesté, pour d’obscures raisons. Parmi les hypothèses qui vont bon train, je me demande s’il n’avait pas oublié tout simplement qu’il avait piscine ce jour-là. Il nous a donc, en guise de mot d’excuse, troussé une lettre pour justifier son absence, d’où il ressort, si j’ai bien tout compris, qu’il sera de tout cœur avec les Français, mais qu’il a autre chose à faire qu’à se commettre avec les manants, fussent-ils haut placés dans la hiérarchie républicaine. Les intéressés apprécieront.

De même qu’il y a le bon et le mauvais chasseur, il y a les bons et les mauvais manifestants. Cette manifestation était, évidemment, autorisée. Que dis-je autorisée ? Chaudement recommandée ! de mémoire personnelle, c’est la première fois que les organisateurs sont d’accord avec les comptages officiels de la préfecture. Selon les autorités, il y a eu plus de 180 000 manifestants sur la France entière. Un score honorable certes, mais assez loin des 800 000 personnes ayant défilé contre la réforme des retraites selon un comptage des mêmes autorités, quand les syndicats en revendiquaient un million et demi dans les rues. Par ailleurs, très peu d’incidents ont été à déplorer, ce qui tendrait à prouver que la détermination des forces de police joue un rôle majeur dans la prévention des violences urbaines liées aux manifestations. Quoi qu’il en soit, la valse-hésitation d’Emmanuel Macron, de même que ses déclarations contradictoires sur le conflit entre Israël et le Hamas laissent penser que ce moment de rassemblement restera symbolique et probablement sans lendemain.

Commentaires  

#2 Gabriel Sterling 13-11-2023 12:54
"La pensée complexe" de Notre Président ne vous permet pas de comprendre "Les motifs complexes" de Notre Souverain à décider de son absence qui, en fait, n'en est pas une. Trop de "En même temp" vous échappe...Croyez en Lui!
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#1 jacotte 86 13-11-2023 11:48
qu'est-ce qui pourrait faire descendre notre Jupiter de son olympe? On se demande!!!
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