Cessez-le-feu !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 11 novembre 2023 10:56
- Écrit par Claude Séné
Il y aura mis le temps, mais cette fois, Emmanuel Macron s’est décidé à demander ouvertement à Israël de cesser les bombardements qui touchent la population civile de la bande de Gaza, et qui tuent des bébés, des femmes et des personnes âgées. Sa déclaration est intervenue hier sur les antennes de la BBC, à la veille des célébrations de l’armistice entre les belligérants de la Première guerre mondiale, et c’est tout sauf un hasard. Les Israéliens ont déjà consenti au principe de ménager une trêve journalière pour permettre à l’aide humanitaire de parvenir aux populations civiles. Il faudra aller plus loin en instituant un véritable cessez-le-feu, prélude à des négociations entre les parties.
Pour cela, il est nécessaire de dépasser les antagonismes et sortir de la comptabilité macabre que brandissent l’une et l’autre partie et ceux qui les soutiennent. Selon le Président français, Israël a le droit de se défendre, mais doit conserver une proportionnalité dans la réplique guerrière. On en est loin avec un bilan évalué à plus de 11 000 morts côté gazaoui contre 1400 environ côté israélien. C’est un rapport habituel dans les conflits dits « asymétriques », tels que la guerre du Vietnam par exemple. C’est encore plus frappant si l’on s’en tient aux victimes purement militaires. La doctrine des pays occidentaux dotés d’une armée moderne et technologique, c’est celle du « zéro mort ». C’est elle qui explique la préparation intensive du terrain par des bombardements massifs avant que le moindre fantassin s’y aventure, et provoque indirectement les pertes civiles que l’on déplore aujourd’hui.
Pour justifier l’usage abusif de la force du fait du déséquilibre militaire en sa faveur, Israël fait valoir le principe d’intentionnalité. Les victimes civiles de la guerre ne sont pas voulues par Tsahal, tandis que celles causées par le Hamas ont été visées spécifiquement. Sur ce point, pas de débat. Le but avoué du Hamas est bien de créer de la peur et même de la terreur chez ceux qu’il considère comme des intrus. En ce sens, il est bel et bien un mouvement terroriste, au sens strict du terme, quelles que soient ses motivations. Israël peut-il se réfugier derrière ses bonnes intentions en faisant semblant d’ignorer les conséquences de ses actions ? Absolument pas. D’ailleurs, il tente de rejeter les responsabilités sur l’adversaire, l’accusant de prendre sa population en otage, ce qui est en partie vrai, sans oublier les véritables otages toujours détenus en attente d’un échange éventuel. Cette argumentation fait penser aux tentatives d’excuses des enfants qui espèrent échapper à la sanction en affirmant qu’ils ne l’ont pas fait volontairement. Un peu comme dans la chanson « l’addition » d’Yves Montand, qui nous disait : « … plus une bombe sur une école et les oiseaux qui chantent après l’avion ne l’a pas fait exprès… »