Harcèlement, l’épreuve des faits
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 10 novembre 2023 10:46
- Écrit par Claude Séné
Le gouvernement a décidé de lutter contre le harcèlement à l’école, après les multiples faits-divers qui ont démontré, si c’était nécessaire, la dangerosité de ce véritable fléau, qui gâche la vie des enfants et des adolescents, quand il ne les conduit pas à des tentatives de suicide qui malheureusement aboutissent parfois. Le phénomène n’est pas nouveau. Il est probablement aussi ancien que l’école elle-même, qui désigne trop souvent un souffre-douleur, un bouc émissaire pour détourner l’attention de ses nombreux échecs, préférant rejeter sa culpabilité sur les élèves en difficulté plutôt que s’interroger sur ses méthodes et son organisation.
J’en ai vu, à plusieurs reprises, et dès le plus jeune âge, s’isoler dans la cour de récréation, ne pouvant pas participer aux jeux de leurs camarades, quand ils ne recevaient pas, sournoisement, des petits coups ou des mots blessants. Le tout sous les yeux des adultes qui ne peuvent pas être partout à la fois, malgré leur bonne volonté. Ce qui est nouveau, c’est la généralisation des réseaux sociaux, qui ont démultiplié les vecteurs de communication, pour le meilleur parfois, et souvent pour le pire. Le cloisonnement ancien entre le monde de l’école et celui de la famille, qui permettait parfois aux enfants de souffler, n’existe plus vraiment. Les jeunes sont équipés très tôt de téléphones, qui rassurent les parents en leur permettant de garder le contact, et beaucoup d’entre eux sont inscrits sur des plateformes, y compris en trichant sur leur âge, parfois.
La lutte contre le harcèlement est devenue une priorité, ce dont on ne peut que se féliciter, et le lancement du programme pHARe pour « plan de prévention du harcèlement à destination des écoles et des collèges » a mobilisé le gouvernement. C’est ainsi que la Première ministre en personne et le ministre de l’Éducation nationale se sont rendus en grande pompe devant les micros et les caméras de la presse dans un collège parisien à l’occasion de la première journée mondiale de prévention du harcèlement scolaire. Les ministres étaient accompagnés, à moins que ce ne soit l’inverse, par l’épouse du chef de l’état, qui leur volait la vedette auprès des journalistes. Si les élèves présents ont démontré une grande maturité et la compréhension fine du phénomène, un incident a prouvé que les réponses n’étaient pas si simples à apporter du côté des institutions. Alors qu’un enfant témoignait de son expérience de harcelé, qui n’avait pas trouvé le soutien espéré de sa prof, un grand moment de solitude s’ensuivait. Ni Élisabeth Borne ni Brigitte Macron ne trouvaient de mots pour réagir, cette dernière tournant même le dos à l’élève, jusqu’à ce que la Première ministre ne finisse par déclarer que tout le monde avait besoin d’être formé. Tout est dit.