La guéguerre est déclarée
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 3 novembre 2023 10:03
- Écrit par Claude Séné
Pardon pour la comparaison en ces temps troublés qui voient des camps se livrer à des hostilités réelles avec des victimes bien tangibles, que ce soit au Proche-Orient avec le conflit israélo-palestinien, ou entre l’Ukraine et la Russie, dont on parle moins, mais qui continue à faire des ravages, y compris dans la population civile. En comparaison, il est vrai que la rivalité entre la Première ministre et son ministre de l’Intérieur qui avait rêvé d’obtenir son poste apparait bien dérisoire. Si Élisabeth Borne en a surpris plus d’un en décrochant la fonction si convoitée, bien que réputée infernale, de l’hôtel Matignon, Gérald Darmanin, de son côté, fait des pieds et de mains pour exister dans l’opinion et occuper le terrain médiatique.
Toutes les occasions sont bonnes pour se pousser du col. Sous couvert de féliciter le travail des forces de l’ordre à l’issue du Championnat du monde de rugby, c’est lui-même qui se décernait récemment un satisfecit pour un résultat dans lequel il n’était pas pour grand-chose, à mon humble avis. L’examen du projet de loi sur l’immigration, un sujet qui rentre dans son champ de compétences, lui offre l’occasion de se mettre en avant auprès de la frange la plus conservatrice de l’électorat. Il s’est déclaré favorable à une proposition des LR au Sénat, consistant à transformer l’aide médicale d’état, qui permet actuellement aux immigrés d’être soignés gratuitement, en aide médicale d’urgence, qui restreindrait leur prise en charge aux seuls soins incontournables et en cas de risques majeurs de santé. Les spécialistes des urgences, parmi lesquels Mathias Wargon, chef d’un service d’urgences en Seine-Saint-Denis, et accessoirement conjoint d’une ancienne ministre macroniste, estiment qu’une prise en charge tardive est plus coûteuse que la prévention actuelle, finalement moins chère sur le long terme. La Première ministre semble se rallier à ce point de vue, et elle a reçu le rapport qu’elle a commandé sur la question qui irait également dans ce sens.
Si l’on n’est pas surpris de la position de Claude Évin, ancien ministre socialiste de la Santé, celle de Patrick Stéfanini, ancien proche de François Fillon, peut étonner, si l’on oublie qu’il a été avant tout un haut fonctionnaire, au service de l’état. Or, Élisabeth Borne semble avoir montré clairement ce qu’elle attendait de ce rapport, contrairement au précédent fâcheux du rapport de Jean-Louis Borloo qui avait cru pouvoir s’affranchir des consignes élyséennes. Les paris sont ouverts, mais les chances de Gérald Darmanin d’imposer une ligne de rapprochement avec la droite classique à l’occasion du vote de cette loi sur l’immigration sont faibles. Il veut sans doute prendre date pour 2027, tandis que, bon an mal an, sa rivale présente régulièrement son 49,3 rituel devenu routinier, sans dommages pour le gouvernement.