Faut-il sauver le soldat Meurice ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 2 novembre 2023 11:01
- Écrit par Claude Séné
Je ne suis pas un habitué de l’émission le grand dimanche soir diffusée sur France Inter, je vous le donne en mille, le dimanche soir, et je n’ai donc pas entendu en direct le lancement controversé d’une chronique par Guillaume Meurice, qui a soulevé une polémique et mobilisé la médiatrice du service public, chargée d’éteindre le début d’incendie provoqué par les propos de l’humoriste maison. N’écoutant que ma curiosité naturelle et le devoir que je m’impose de me tenir au courant de l’actualité, je me suis donc mis en demeure de prendre connaissance du corps du délit, qui tient en une phrase quand Guillaume Meurice a comparé le Premier ministre israélien à « une sorte de nazi sans prépuce ».
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la phrase a créé un malaise chez de nombreux auditeurs qui y ont vu un antisémitisme plus ou moins déguisé, et elle a amené la direction de l’antenne à désapprouver les propos tenus, sans préjudice des sanctions pénales éventuellement encourues. Voilà qui relance l’éternel débat entre la liberté d’expression, y compris dans sa forme humoristique, et le respect des convictions individuelles. Certains ont comparé l’humoriste provocateur qu’est souvent Guillaume Meurice à Dieudonné, alors que leurs convictions personnelles sont aux antipodes les unes des autres. Pour tenter de calmer un peu la polémique, la « cheffe » de l’émission, Charline Vanhoenacker, a pris la défense de son chroniqueur, tout en présentant des excuses à ceux qui ont pu être choqués. Il est clair que l’évocation de l’abomination nazie pendant la Seconde Guerre mondiale a généralement pour effet de clore le débat et de le remplacer par l’invective, selon la théorie du « point Godwin », et qu’il ne se prête guère à l’humour, même noir. Faut-il pour autant menacer de mort tout individu qui s’y risque ? Je ne le crois pas non plus.
L’humour est semblable au funambule qui tente de se maintenir en équilibre sur une ligne de crête. Il a tôt fait de se pencher et de chuter. L’affaire rappelle également qu’il y a des sujets sur lesquels la plaisanterie est pratiquement impossible. On se souvient de Charlie Hebdo et les caricatures de Mahomet, déclenchant la folie meurtrière de quelques fanatiques. Dans le contexte de guerre israélo-palestinienne, la critique de l’homme politique Netanyahou, légitime en temps de paix, est interprétée comme un acte antisémite, à plus forte raison si on lui associe la catastrophe absolue de la « solution finale » voulue par Hitler en exterminant tous les juifs. Et cependant, la Shoah ne peut pas servir de justification à n’importe quelle politique mise en place par les dirigeants israéliens, quand elle se traduit par de nombreuses victimes civiles, de part et d’autre.