Mieux en le disant
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 30 octobre 2023 10:27
- Écrit par Claude Séné
La classe politique a globalement accueilli favorablement la proposition d’Emmanuel Macron de donner suite à une inscription de l’avortement dans la Constitution, une forme d’unanimité suffisamment rare pour être soulignée, et qui ne serait pas dépourvue d’arrière-pensées quand le gouvernement cherche désespérément une majorité sur la plupart des sujets. Dans ce concert d’approbations, reflétant l’opinion des Français, favorables à cette mesure à plus de 80 % d’entre eux, une seule voix discordante à ma connaissance, s’est exprimée pour s’opposer à cette idée, au motif qu’elle serait inutile et donc superflue. Cette voix, vous l’aurez deviné, est celle de Marine Le Pen, au nom du Rassemblement national.
Selon elle, aucun parti politique ne remet en cause la loi sur l’IVG adoptée sur proposition de Simone Veil en 1975. C’est précisément l’objectif recherché par les promoteurs de la nouvelle disposition, réclamée par les progressistes, que de rendre très difficile, sinon impossible, de priver les femmes d’un droit, désormais gravé dans la Constitution. Et ce n’est pas un hasard si le seul bémol est venu de l’extrême droite, quand on sait que les atteintes aux libertés, notamment celles des femmes, sont fréquemment les premières mesures prises par ces partis quand ils parviennent au pouvoir. Alors, oui le RN ne demande pas l’abrogation ou la restriction de la loi Veil actuellement, mais les féministes ont raison de ne pas lui faire une totale confiance, si à l’avenir, et par malheur, il parvenait à se hisser au pouvoir. Il sera d’ailleurs intéressant d’observer comment la droite et l’extrême droite vont se positionner dans la campagne législative qui devra décider de la forme que prendra cette loi constitutionnelle. Malgré un consensus global de principe, le texte devra être négocié à la virgule près pour être adopté dans les mêmes termes par les deux chambres, et surtout au Sénat, toujours contrôlé par les Républicains.
Une majorité de trois cinquièmes des députés et sénateurs réunis en Congrès étant nécessaire, ce ne sera pas si facile à obtenir, et cependant, ce qu’une loi peut faire, une autre peut le défaire, et la tendance à la droitisation ne se dément pas depuis que le président actuel a été amené à se chercher des alliés en fonction de son hémiplégie politique. C’est pourquoi toute réforme sociétale permettant un progrès social est bonne à prendre. Pour l’exécutif bien sûr, mais aussi pour les Français, qui ne prendront jamais trop de garanties pour éviter la remise en cause de leurs acquis, comme on a pu le constater avec le passage en force du gouvernement sur le recul de l’âge de la retraite, malgré l’opposition massive de la population concernée. Comme quoi, une nouvelle fois, ce qui va sans dire va encore mieux en le disant.