On ne change pas une équipe qui perd
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 28 octobre 2023 10:54
- Écrit par Claude Séné
Pas plus tard qu’hier, je vous faisais part de mon étonnement devant les mesures répressives annoncées par la Première ministre à l’encontre des parents, témoignant d’une ignorance presque totale de la situation des familles défavorisées, en ne s’attaquant pas aux causes de la misère sociale à l’origine des émeutes consécutives à la mort d’un adolescent lors d’un contrôle qui avait mal tourné. Mais nous n’avions encore rien vu. Après le bâton, on nous promettait la carotte, avec le volet « social » du plan brillant concocté par des énarques en mal d’inspiration.
Vous avez aimé détester Élisabeth Borne en mère fouettarde tentant d’extorquer leurs derniers euros à des parents défaillants ? vous allez adorer la haïr en assistante sociale incompétente. Partant du constat généralement partagé d’un manque de mixité sociale dans certains quartiers, elle a décidé d’en interdire l’accès aux familles qui en ont le plus besoin, en confiant la sale besogne aux préfets, chargés de refuser les logements sociaux aux plus pauvres, « pour ne pas concentrer les difficultés » et créer ainsi des ghettos. La Première ministre n’a, semble-t-il, pas précisé ce qu’il convenait de faire des familles ainsi refoulées. Si elle compte sur les bailleurs privés dont le but est clairement de gagner le plus d’argent possible pour accueillir des locataires impécunieux, alors qu’ils demandent de plus en plus de garanties aux candidats à un logement décent, je ne peux que lui souhaiter beaucoup de courage.
Dans l’autre sens, pour tenter de sortir les quartiers défavorisés du ghetto de fait où ils se trouvent placés, il faudrait persuader les familles aisées d’emménager dans les quartiers pauvres, qu’elles fuient comme la peste pour ne pas côtoyer un milieu « où les peaux qui vous font la peau sont plus bronzées que nos petits poulbots » comme dans le poulailler d’Alain Souchon. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de cibler les ménages susceptibles de bénéficier du droit au logement opposable (loi DALO) qui seraient exclus de fait alors que ce sont eux qui devraient être prioritaires pour les appartements à loyer réduit. Les 35 000 ménages reconnus comme pouvant bénéficier de cette disposition devront encore attendre. Quant aux situations les plus dramatiques, celles qui justifient la réquisition d’hébergements d’urgence pour éviter de se retrouver à la rue, les préfets ont pour consigne de ne plus en créer là où il y en a le plus besoin. On dirait vraiment que ce gouvernement, soumis aux oukases présidentiels, en est réduit à s’en remettre à l’action de la Providence, en espérant que les choses s’arrangeront d’elles-mêmes. Ah ! j’allais oublier. Les mauvais citoyens qui font de la discrimination à l’embauche ou dans la sélection des locataires vont être traqués sans merci par une politique massive de « testing ». Bon, ça va toujours faire quelques emplois à pourvoir.