Une dent contre la Santé ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 26 octobre 2023 10:40
- Écrit par Claude Séné
Ce gouvernement aurait-il une dent contre la santé des Français ? Notre système coûte de plus en plus cher à la collectivité et la réponse consiste le plus souvent à dissuader la population d’avoir recours aux soins en laissant le service public se dégrader inéluctablement. C’est depuis le 1er octobre qu’est entrée en vigueur la nouvelle convention sur les soins dentaires, dont la principale caractéristique est la diminution de la prise en charge financière par la Sécurité sociale. L’assurance maladie, qui couvrait jusqu’alors 70 % des frais, ne rembourse plus que 65 % ou même 55 % pour certains actes.
Ce qui se traduit mécaniquement par une augmentation du ticket modérateur, le reste à charge du patient passe de 30 % à 35 % ou 45 %. En pratique, la plupart des assurés ne verront pas tout de suite la différence, grâce à leur mutuelle complémentaire santé, qui prendra en charge la différence. La sécu va ainsi transférer environ 500 millions par an de son budget sur le secteur associatif ou assurantiel, qui n’aura pas d’autre choix que de répercuter cette nouvelle dépense sur les cotisations de ses adhérents. Or, les mutuelles couvrent de plus en plus leurs assurés et essaient d’améliorer les prestations dans les deux ou trois domaines les moins bien lotis jusqu’ici : la lunetterie, les prothèses auditives et bien sûr, les dents. Mais malgré une extension notable des garanties et une forte incitation financière, les mutuelles ou les assurances ne concernent pas toute la population. 2,5 millions de Français sont encore tout de même non couverts.
Il est bien connu que les catégories les plus précaires ne peuvent pas se payer une complémentaire santé, et que leur seule marge de manœuvre consiste à renoncer aux soins, considérés à tort comme facultatifs, voire superflus. Un des signes les plus évidents de dégringolade sociale c’est la présence de caries, et l’absence totale ou partielle de dents avec les conséquences néfastes sur la santé que l’on connait. Pour faire passer la pilule, le gouvernement met en avant le côté prévention de sa nouvelle politique. Les prestations se donnent pour objectif d’empêcher l’apparition de caries en remboursant plus et mieux les suivis réguliers dès l’enfance et en pratiquant des soins plus précoces. Belles paroles, que l’on pourrait généraliser à tout le système de santé. Que n’a-t-on commencé plus tôt la mise en pratique de cette philosophie, pleine de bon sens ? Une politique de prévention, bien menée, non seulement ne coûterait pas plus cher au contribuable, mais devrait même permettre, à terme, de faire de sérieuses économies. Or les projets les plus ambitieux ne prévoient, au mieux, qu’une stabilisation de la dépense, signe que les décideurs politiques ne croient pas eux-mêmes dans l’efficacité de leur programme, qui demande une volonté et un investissement conséquent. On préfère transférer ces responsabilités au secteur privé, qui appliquera finalement la logique économique.
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