Gérald Darmanin, un ministre désœuvré ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 20 octobre 2023 11:17
- Écrit par Claude Séné
Je croyais naïvement que le poste de ministre de l’Intérieur, « le premier flic de France » était parmi ceux qui demandaient le maximum d’investissement personnel, et encore plus dans la période troublée dans laquelle se trouve le pays. Les alertes à la bombe, qui semblent le fait de gamins irresponsables se multiplient, sans compter les menaces d’attentats plus ou moins sérieuses, qu’il est cependant nécessaire de vérifier. Tous ces évènements devraient largement suffire à occuper un ministre, voire deux, en y incluant le Garde des Sceaux. Il parait en tous cas inutile de rajouter des polémiques gratuites à une situation déjà compliquée.
C’est dans ce contexte que l’on peut situer l’accusation de Gérald Darmanin à l’égard de Karim Benzema, qui serait un suppôt des Frères musulmans, avec lesquels il entretiendrait « des liens notoires ». Une expression bien pratique quand on n’a pas le moindre début de commencement de preuve de ce que l’on affirme. Fourvoyé dans une dénonciation fallacieuse, le ministre en est réduit à invoquer le manque de patriotisme du joueur, qui ne chantait pas la Marseillaise avant les matches de l’équipe de France. On n’a encore jamais exécuté quiconque en France pour un tel motif à ma connaissance. Si Gérald Darmanin dispose d’informations montrant la complicité du footballeur avec les auteurs d’attentats terroristes, ou les responsables de l’attaque du 6 octobre contre les Israéliens, qu’il les divulgue, et que la justice fasse son travail, s’il y a lieu. Il s’en garde bien et il tente de renverser la charge de la preuve, en sommant Karim Benzema de condamner publiquement les islamistes. Je n’ai pas de sympathie particulière pour ce joueur, mais ses opinions, comme celles de tout un chacun, ne regardent que lui. S’il y a trouble à l’ordre public, il est le fait d’un homme politique, mu par une ambition délirante, qui a voulu jeter un bouc émissaire en pâture à une opinion publique qui cherche des explications.
Comme cela arrive souvent en Macronie, l’exemple vient de haut. Le président de la République lui-même, il y a une semaine, a tenté de se donner le beau rôle en incarnant l’état « impitoyable » qu’il appelle de ses vœux. Pour démontrer l’activité du gouvernement, et la sienne par ricochet, il a annoncé hâtivement le succès des services de l’état, qui auraient déjoué un projet d’attentat dans les Yvelines, le jour même de l’assassinat de Dominique Bernard. Renseignements pris, le pseudo-terroriste s’est révélé être une sorte d’illuminé inoffensif. Il a été interpelé pour détention d’un couteau de cuisine et placé en garde à vue, et aucune accusation de terrorisme n’a été retenue contre lui. Pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la règle non écrite semblait consister en l’adage : « un fait-divers, une loi », désormais ce serait : « un drame, une vantardise ».