Le tournant
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 19 octobre 2023 10:55
- Écrit par Super User
L’opinion serait-elle en train de se retourner vis-à-vis du conflit israélo-palestinien ? L’évènement déclencheur est évidemment l’explosion qui a touché un hôpital du centre de Gaza et qui a causé plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de morts selon les sources. Les belligérants se rejettent mutuellement la responsabilité de ce massacre, mais l’émotion a changé de camp, et le monde entier est touché par le sort des Palestiniens, qui apparaissent comme les victimes, en dépit de la responsabilité des dirigeants du Hamas dans le déclenchement des hostilités le 7 octobre dernier, et la prise d’otages qui s’en est suivie.
La visite du président des États-Unis, Joe Biden, qui devait rencontrer la plupart des parties prenantes dans le conflit, a dû être écourtée, mais son discours à l’intention de Benyamin Netanyahou indique bien l’état d’esprit des Occidentaux. Il recommande aux Israéliens de ne pas commettre les mêmes erreurs que les Américains après le 11 septembre, de ne pas céder au désir de vengeance, naturel, mais non légitime, et qui ne résout rien. Joe Biden a pourtant validé sans état d’âme la thèse de Tsahal selon laquelle c’est un mouvement proche du Hamas, le Djihad islamique, qui aurait tiré la roquette qui a touché accidentellement l’hôpital. Cependant, il a mis en garde contre des représailles dont la population civile serait la première et la principale victime. Ce serait sur son insistance que le gouvernement israélien aurait accepté de laisser rentrer de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza par le couloir de Rafah, poste-frontière avec l’Égypte. En revanche, les Palestiniens ne pourront pas traverser pour se réfugier dans le Sinaï, car le maréchal Al-Sissi s’y refuse absolument, pour l’instant.
Le passage de quelques camions par l’Égypte serait déjà un progrès, mais encore très loin de permettre des conditions minimales de survie des populations soumises à un blocus terrestre depuis des années, et qui subissent depuis quelques semaines un bombardement continu sur un territoire exigu, qui ne permet pas de croire à des frappes essentiellement ciblées sur des objectifs militaires. Tant qu’un cessez-le-feu n’aura pas été établi, il sera illusoire de prétendre épargner les populations civiles. Quelle que soit la responsabilité de la roquette qui a touché l’hôpital Al-Ahli, c’est l’équivalent de plusieurs de ces frappes qui font des victimes quotidiennement sur cette bande de terrain qui ne sera bientôt plus qu’un champ de ruines, comme le montrent les photos satellites. Par ailleurs, la visite de Joe Biden a eu pour but de manifester le soutien indéfectible des États-Unis à l’État d’Israël, en toutes circonstances, ce qui est un bien mauvais service à rendre au gouvernement de Netanyahou, qui vit probablement ses derniers mois. Les USA se considèrent toujours comme les gendarmes du monde dans cette région. Seule leur fermeté sur les principes du droit international peut obliger les parties à enclencher un nouveau processus de paix, même lointaine.