À l’aveugle
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 14 octobre 2023 11:03
- Écrit par Claude Séné
Un professeur de français, Dominique Bernard, âgé de 57 ans, a été victime d’une attaque au couteau dans son établissement d’Arras, trois ans presque jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. Le mode opératoire et les motivations de l’agresseur sont très proches, avec cependant une différence de taille. Samuel Paty avait été désigné à la vindicte djihadiste par une campagne de dénigrement mensongère où il était accusé d’avoir fait l’apologie des caricatures de Mahomet diffusées dans certains journaux, et il aurait discriminé des élèves musulmans à raison de leur religion, ce qui était totalement faux, bien entendu.
Un autre professeur de la cité scolaire Gambetta a échappé à l’assaillant, qui semblait chercher spécifiquement un enseignant d’histoire, quel qu’il soit, ce qui indiquerait peut-être que dans son esprit, les professeurs d’histoire seraient des ennemis de la cause du seul fait qu’ils ne récitent pas le bréviaire islamiste. À défaut, Mohammed M. s’est donc « contenté » du professeur de français, ainsi que trois autres membres du personnel dont un cuisinier, qu’il a blessés plus ou moins grièvement. On peut comparer cette démarche avec l’attitude de l’homme qui cherche ses clés sous un réverbère. Il n’est pas sûr de les avoir perdues précisément là, mais c’est là qu’il y a de la lumière. Il semblerait que les esprits malades endoctrinés par la propagande terroriste islamiste soient tentés d’amalgamer tous les serviteurs de l’état, et notamment ceux que Charles Péguy avait surnommés « les hussards noirs de la république », à des ennemis jurés qui ne mériteraient que la mort.
On ne peut pas manquer de relever la coïncidence de cet attentat terroriste avec l’escalade de la situation au Proche-Orient, où la violence aveugle a franchi plusieurs paliers depuis une semaine. La seule logique, s’il y en a une, semble être de frapper tous ceux qui sont à portée, indistinctement, femmes et enfants compris. Comme on ne peut pas, ni d’un côté ni de l’autre, s’en prendre aux véritables responsables d’une situation de plus en plus invivable, au nom d’une logique folle et totalement barbare, on punit ceux qui passent à proximité. Le message subliminal de ces actes serait le suivant : « celui-là est peut-être innocent, mais il paiera pour les autres ».
Aveugle et sourd également semble être le pouvoir qui est supposé protéger la population contre des agressions de ce type et qui n’a visiblement pas apprécié la situation à sa juste valeur dans ce cas précis. Ironie de l’histoire, c’est au moment où l’agresseur ainsi que toute sa famille, faisait l’objet d’une surveillance maximale qu’il est passé à l’acte. Une preuve supplémentaire, s’il en était besoin, qu’il est impossible de se prémunir totalement contre des actes de cette nature. Le ministre de l’Intérieur le sait, qui doit cependant faire comme si le déploiement annoncé de forces supplémentaires pouvait réellement garantir la sécurité publique.