La parabole des échecs
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 13 octobre 2023 11:18
- Écrit par Claude Séné
Imaginez la scène. Yahweh, dieu des Juifs, et Allah, dieu des musulmans, sont assis au bord de la terre un samedi soir, et sont lancés dans une partie d’échecs interminable, au sens strict du terme. Le bras de fer dure depuis des millénaires, si bien que l’on ne sait plus qui a commencé. Allah est persuadé que c’est Yahweh, et il détient une preuve incontournable : ce sont toujours les blancs qui commencent, aux échecs. C’est la règle. Mais Yahweh lui rappelle que l’attribution des blancs est le résultat d’un tirage au sort, et qu’il n’y est pour rien.
D’échec en échec, les populations font les frais de ces revers successifs. À force de sacrifier des pièces de part et d’autre, personne ne peut plus prétendre à la victoire, et l’issue de la partie ne pourra bientôt être qu’un « pat », cette situation si particulière où les joueurs ne peuvent plus bouger et qu’il devient nécessaire de proclamer un résultat nul. La situation en Palestine reflète ce blocage. Après l’attaque terroriste massive du territoire et des populations israéliennes, la riposte du gouvernement de Benyamin Netanyahou ne pouvait qu’être violente. Elle ne peut pas être entièrement ciblée sur les responsables des massacres. Les bombardements incessants des territoires administrés par le Hamas ont déjà causé la mort de nombreux innocents. Israël leur demande de quitter la bande de Gaza, pour détruire leur territoire plus tranquillement, mais ces personnes n’ont nulle part où se réfugier. On se prépare à voir une catastrophe humanitaire se rajouter aux actes de barbarie déjà accomplis par le Hamas.
Alors je veux bien ne pas confondre cause palestinienne et justification du terrorisme, comme le dit si bien le président de la République, mais que fait-on de ces Palestiniens, ballottés depuis bientôt 80 ans de camp de réfugiés en bidonvilles ? On ne peut pas les sacrifier indéfiniment, comme des pions aux échecs, pendant que les dirigeants pensent plus à leur politique intérieure qu’à trouver une solution au conflit. La plupart des observateurs politiques s’accordent pour promouvoir une solution dite à deux états, qui préserverait les intérêts des uns et des autres, mais Emmanuel Macron est resté dans le domaine des souhaits et des vœux pieux, sans lancer d’initiative diplomatique concrète. On voit bien qu’il est davantage préoccupé par les aspects franco-français, avec un risque d’importation du conflit dans notre pays, que de permettre une solution globale. Le décompte macabre des victimes françaises en est un indice. Comme si la nationalité des personnes blessées, tuées ou enlevées était le point le plus important. Certains ressortissants ont d’ailleurs souligné que les autorités françaises n’avaient pas été aussi réactives que les polonaises, pour ne donner que cet exemple.