Relativisme interdit

En choisissant comme sujet de cette chronique le dernier développement du conflit israélo-palestinien, j’ai conscience de m’aventurer en terrain miné. Les derniers évènements sont cependant d’une telle gravité qu’il m’est  impossible de ne pas les évoquer. Mon silence serait interprété comme une forme de soutien à l’initiative du Hamas, qui a déclenché samedi dernier une série de raids visant l’État d’Israël. Le simple fait de ne pas commencer par une condamnation sans appel des actions palestiniennes, ou l’évocation d’une politique incarnée par Benyamin Netanyahou qui pourrait expliquer cette escalade, suffirait à me faire taxer de complaisance avec les méthodes terroristes du mouvement basé dans la bande de Gaza.

Et pourtant, le sujet s’impose à toute la communauté internationale, celle-là même qui n’a pas su obliger les belligérants à trouver les accords indispensables à une paix durable. Le Premier ministre israélien a fait le constat comme tout le monde que son pays était en guerre et il a promis des représailles terribles pour faire oublier qu’il n’a pas su prévenir cette attaque. En réalité, depuis que l’ONU a cru pouvoir imposer par la création de l’État d’Israël une solution de coexistence pacifique entre communautés religieuses vivant en bonne intelligence, la région n’a pas connu de véritable période de paix, car la question de fond, celle de la légitimité à vivre dans un territoire donné, n’a jamais été tranchée. Après chaque épisode de guerre ouverte, les ressentiments ne faisaient que s’accroître de part et d’autre. Dans chaque camp, le clan des faucons a presque toujours dominé celui des colombes. Et ils ont prospéré sur les décombres des rares tentatives de paix. Ce dernier épisode va encore renforcer la ligne dure de chaque côté.

On aimerait, comme dans le conflit que mène la Russie contre l’Ukraine, pouvoir désigner un agresseur et un agressé, mais ce n’est pas le cas. Il faut remonter très loin dans le temps pour déterminer qui était le premier occupant de la terre, sainte pour les uns, promise pour les autres, et cela reste sujet à controverse. La ville de Jérusalem par exemple est revendiquée par les chrétiens, les juifs et les musulmans, et les descendants des premiers habitants réécrivent l’histoire à leur manière pour justifier leur bon droit à y vivre. La situation y est devenue inextricable, un peu comme dans les affrontements qui opposent Arméniens et Azerbaïdjanais pour l’appartenance du Haut-Karabakh à l’un ou l’autre pays. J’en étais resté au martyre de la communauté arménienne, qui a subi un génocide en 1915 sous l’Empire ottoman. Or, dans l’esprit des Azéris, ce sont eux qui ont été chassés de leurs territoires par les Arméniens en 2020, et ils ne feraient donc que reprendre leur bien. Cet exemple démontre bien la complexité de ces conflits de légitimité, qui ne peuvent que s’enkyster s’ils ne sont pas traités par des négociations.

Commentaires  

#1 jacotte86 09-10-2023 11:21
on est loin de la Fontaine...raminagrobis ne peut pas apporter une solution radicale car c'est lui qui a crée le problème et qui s'en lave les mains
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