Prébende
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 21 juillet 2023 10:45
- Écrit par Claude Séné
Le mot du jour, après l’officialisation des ajustements dans la composition du nouveau gouvernement, attendu sinon espéré, sera donc : « prébende », dont la définition par Le Robert me paraît résumer assez bien la situation actuelle du pouvoir. En effet, la prébende désignait à l’origine un revenu fixe accordé à un ecclésiastique, puis, par extension, un revenu tiré d’une charge lucrative. Lorsque le travail attaché à cette rémunération est mince, voire nul, on parle d’une sinécure. Le remaniement du gouvernement reflète bien cette idée de récompenser les fidèles de la Macronie, faute de pouvoir élargir sa majorité.
En effet, pas de « prise de guerre », pas de personnalité nouvelle « issue de la société civile » ou emblématique d’un autre courant de l’opinion qui se serait rallié à Emmanuel Macron. On a été habitué à des tractations dans lesquelles le pouvoir en place échange des maroquins contre le ralliement individuel ou collectif de représentants de telle ou telle famille politique. Aucun nouvel allié dans la liste des 41 ministres et secrétaires d’État supposés avoir été choisis par la Première ministre, et en réalité adoubés par le Président. Les fonds de tiroir avaient déjà été consciencieusement raclés, il a donc fait, bon gré, mal gré, le choix de récompenser les fidèles, en leur octroyant une position et une rémunération dont ils lui seront redevables. Il s’assure ainsi de leur docilité. Un exemple frappant a posteriori, c’est celui de Pap Ndiaye, qui a attendu la presque officialisation de son remplacement au ministère de l’Éducation pour se lâcher et critiquer ouvertement Vincent Bolloré, propriétaire de Cnews notamment. Dans les nouveaux entrants, on trouve plusieurs députés, cadres ou abbés de cette hiérarchie qui s’apparente beaucoup à une religion.
Par exemple, trois nouvelles ministres connues pour leur pugnacité, pour ne pas dire plus, telles qu’Aurore Bergé, Prisca Thévenot ou Fadila Khattabi, font leur entrée, ce qui promet des joutes verbales à l’Assemblée lors des questions au gouvernement. Sur le fond, rien ne change. Emmanuel Macron a renouvelé du bout des lèvres sa « confiance » à Élisabeth Borne, qui a sauvé sa tête de justesse, mais qui se sait en sursis. Les nouveaux devront faire leurs preuves. Ils ne doivent pas tant apporter des propositions nouvelles, qui devront être consensuelles, faute de majorité, que de savoir communiquer et faire mousser les rares succès, s’il s’en trouve. Les vrais gagnants de cette séquence sont les inamovibles Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, ou dans une moindre mesure Éric Dupont-Moretti. Celui qui perce, c’est encore et toujours Gabriel Attal, mais il aura un gros morceau à digérer avec le fameux « mammouth » de l’éducation nationale sur lequel beaucoup avant lui se sont cassé les dents.