Droit de suite
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 17 juillet 2023 10:51
- Écrit par Claude Séné
Je suis le premier à regretter la tendance générale à oublier les faits-divers très rapidement, au fur et à mesure que de nouveaux évènements plus ou moins spectaculaires viennent prendre la place de ceux qui nous paraissaient essentiels précédemment. Un clou chasse l’autre, comme on dit dans ces cas-là. Comme modeste chroniqueur de notre vie quotidienne, je n’échappe pas à cette attitude qui tend à devenir une habitude. Je voudrais donc revenir aujourd’hui sur un accident qui s’est produit le 13 avril dernier et dont j’ai relaté le déroulement dans une chronique intitulée : « brebis galeuses » *.
Ce soir-là, une jeune fille de 17 ans pilotant un scooter était victime d’un accident, ainsi que ses deux passagers âgés de 13 et 14 ans. Des témoins affirment que la chute est consécutive à un choc avec une voiture de police, qui aurait, volontairement ou non, percuté le scooter. Selon les policiers, dans un premier temps, ils nient toute erreur ou faute de leur part. La conductrice, grièvement blessée, est conduite à l’hôpital, une enquête est confiée à l’IGPN. 3 mois après les faits, la presse a réussi à se procurer le rapport provisoire, et des révélations sont publiées par Mediapart et StreetPress, accablantes pour les 3 policiers à bord de la voiture de patrouille. Tout porte à croire que les fonctionnaires se sont entendus pour donner la même version, fausse, des faits, afin de masquer leur responsabilité dans la collision, dont ils nient jusqu’à la réalité dans un premier temps, afin de ne pas charger le conducteur. Le doute subsiste quant au caractère intentionnel du coup de volant ayant entraîné la chute, le conducteur du véhicule de police persistant à rejeter la faute sur la jeune fille.
Au cours des auditions, la cheffe de bord craque. Elle admet avoir sorti son arme de service dans un premier temps, avant de se raviser en constatant l’âge des fuyards pris en chasse. Elle reviendra sur le premier Procès-verbal pour reconnaître que le contact est « possible » et manifeste alors son émotion. Le 3e policier se cantonne à un silence prudent. Les éléments apportés à l’enquête vont conduire à la mise en examen du conducteur à l’issue de sa garde à vue, et il appartiendra au juge d’instruction de faire la lumière sur ces faits en vue d’un procès éventuel. La jeune fille conduisant le scooter est sortie du coma et ses jours ne sont plus en danger, mais elle aura des séquelles tout comme ses deux passagers. En avril dernier, je m’interrogeais déjà sur le caractère systémique de ce que l’on peut qualifier de dérapage. Depuis, il y a eu l’affaire Nahel, où l’on a franchi une limite avec le tir mortel à bout portant d’un policier se croyant menacé. Plus que jamais, il apparait nécessaire de revoir les règles sur les refus d’obtempérer et le droit de suite d’une police livrée à elle-même.
* http://diabloguiste.fr/component/content/article/8-diabloguiste/3129-brebis-galeuses