Tout se paye
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 30 juin 2023 10:34
- Écrit par Claude Séné
Pour la troisième fois consécutive la nuit a été animée, mouvementée et violente dans un certain nombre de quartiers difficiles, principalement en région parisienne, mais aussi dans de grandes villes de province, comme Toulouse, Nantes ou Marseille, où le chef de l’état venait pourtant de se rendre avec sa hotte sur le dos. En vain. D’une façon incompréhensible pour le pouvoir, le mécontentement n’a fait que se renforcer un peu partout après la mort de Nahel, dans des circonstances mettant en cause la police et les autorités. Quand le chef de l’état et son gouvernement traitaient par le mépris les manifestations monstres, mais pacifiques contre son projet de réforme des retraites, les voix n’ont pas manqué pour lui prédire des conséquences dramatiques.
Nous y sommes. Le climat détestable entre la population et ses « élites » n’a cessé de se dégrader. La parole publique est totalement dévalorisée. Au point de créer un sentiment d’abandon qui pousse les classes populaires à se détourner des partis traditionnels et les incite à adopter la politique du pire sous la forme du recours à l’extrême-droite, au prétexte qu’ils ne risqueraient rien à essayer. Il parait qu’Emmanuel Macron redoute d’être le président qui aura précédé l’avènement du Rassemblement national et l’accession au pouvoir de Marine Le Pen. Je veux bien lui faire crédit qu’il ne le souhaite pas, mais pourquoi tant d’obstination dans l’erreur que cette hypothèse devienne presque inéluctable ? La gestion de cette crise est une succession de mauvaises décisions. La réaction à chaud du président et de son ministre de l’Intérieur, chargeant le policier mis en cause et donnant l’impression d’en faire un bouc émissaire, s’il partait d’une bonne intention, celle d’apaiser le mécontentement populaire, n’a eu qu’un effet : la reconnaissance implicite d’une violence policière, dont l’état était le responsable.
Après avoir ainsi sous-estimé les manifestations de colère qui devaient, presque mécaniquement, en découler, les consignes données aux forces de l’ordre ont, semble-t-il, été de faire profil bas dans un premier temps. Changement de cap hier soir : déploiement de forces, arrestations en chaîne, usage massif des moyens de coercition, canons à eau, lacrymo, LBD, etc. Bilan provisoire : 249 policiers et gendarmes blessés, et aucune garantie que la nuit prochaine soit plus calme. On sait naturellement que le mal est profond et que les racines en remontent à loin. C’est Nicolas Sarkozy qui a démantelé la police de proximité, et la loi mal ficelée de 2017 encourageant les tirs lors des contrôles a été votée sous le quinquennat Hollande. On peut aussi évoquer les émeutes de 2005 gérées par Dominique de Villepin, alors Premier ministre. Mais le rejet aux oubliettes du rapport Borloo, pourtant commandé par le chef de l’état, est une erreur personnelle d’Emmanuel Macron. Ce n’est que justice que cela lui revienne en pleine figure, mais malheureusement, ce sont les habitants de notre pays, et notamment les plus défavorisés, qui payent les pots cassés.
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