La tournée des popotes

Apparemment, le président ukrainien, Volodymyr Zelinski, est arrivé en pays conquis dans les capitales européennes où il a été accueilli chaleureusement par les dirigeants qu’il a rencontrés. Aussi bien à Londres, qu’à Paris ou à Bruxelles, les chefs d’État et les représentants de l’Union européenne, lui ont réservé une standing ovation, et c’est vrai que l’attitude et la pugnacité du président ukrainien, un an après l’invasion de son pays par la Russie de monsieur Poutine, a de quoi forcer le respect. Une seule fausse note dans le parterre des chefs d’état et de gouvernement de l’Union européenne, plus la Grande-Bretagne, et c’est le fait de Viktor Orban, le président hongrois, qui s’est abstenu d’applaudir son homologue ukrainien.

Cette unanimité cache cependant des positions plus ou moins favorables. Certains pays préfèreraient visiblement que l’aide accordée à l’Ukraine soit principalement ou exclusivement financière, pour éviter d’apparaître comme pays belligérant et risquer des représailles nucléaires ou conventionnelles. D’autres, dont la France, ont décidé de rester discrets sur les modalités de leur aide, tout en affirmant un soutien indéfectible à l’Ukraine. On reconnait bien là la marque de fabrique d’Emmanuel Macron, avec un « en même temps » intenable à terme. Du côté ukrainien, les choses sont claires et n’ont pas varié. Volodymyr Zelinski veut obtenir des armes et des munitions pour se défendre et obtenir le retrait des troupes russes de l’ensemble du territoire national, Crimée et Donbass compris. Petit à petit, les barrières érigées par les alliés concernant le type d’armement fourni ont été levées les unes après les autres, et les Ukrainiens auront accès à toutes les armes disponibles. Mais le temps presse et il faut rééquilibrer les forces en présence aussi vite que possible pour ne pas laisser l’armée ukrainienne se faire submerger par le nombre.

Si le président français a enfin renoncé à jouer les bons offices entre les belligérants, ce qui ne faisait que perdre du temps sur un règlement du conflit en position de force, il reste encore trop flou sur les conditions d’une paix durable dans la zone ex-soviétique. Il laisse entendre que la Russie devrait obtenir des garanties alors que c’est elle l’agresseur. Il rejoint ainsi les positions d’un Thierry Mariani, qui justifie la guerre par la « menace » que constituerait un pays membre de l’OTAN aux frontières russes. Même Marine Le Pen, soupçonnée de sympathies avec la Russie, qui est leader du Rassemblement national que Monsieur Mariani a rejoint après un passé dans le parti des Républicains, n’en demande pas tant et s’est prononcée clairement en faveur d’une condamnation de Monsieur Poutine. La classe politique française est pratiquement sur cette position dans son ensemble, et l’on se demande quelle mouche a pu piquer le président français si ce n’est l’envie de se faire remarquer, une fois encore, et toujours pour d’aussi mauvaises raisons.