La bandera
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 13 janvier 2023 11:20
- Écrit par Claude Séné
Il était une fois un petit village d’irréductibles Bretons, situé en plein centre de cette belle région, non loin de la ville de Guingamp, symbole de la province pour la presse parisienne. Callac, puisqu’il faut l’appeler par son nom, était administrée par une équipe municipale se réclamant de la gauche, et voulant dynamiser l’activité de la commune tout en servant un objectif humain et solidaire, avait mis en place un projet, dit « Horizon », visant à accueillir 70 familles d’immigrés. Le local, un ancien collège privé racheté par la commune, devait permettre de créer des logements, et le projet était soutenu par un fonds de dotation, Merci, assurant la pérennité de l’entreprise.
C’était sans compter l’activisme d’une minorité agissante, soutenue à distance par Éric Zemmour et Gilbert Collard, et de plus près par une conseillère régionale, exclue du Rassemblement national. Cette frange liée à l’extrême droite a multiplié les actions « coup-de-poing » en tentant d’opposer les partisans et les opposants au projet. Les arguments sont toujours les mêmes. Il s’agit de réserver les crédits et les emplois aux seuls ressortissants de la commune. On veut effrayer la population en gonflant le nombre d’arrivants « en provenance du continent africain » : 70 familles africaines représenteraient un afflux de 530 personnes à raison de 7,6 personnes par famille. Un total insurmontable pour un bourg de 2200 habitants, selon l’opposition. Ces allusions racistes sont renforcées par l’insistance à nommer le fonds de dotation Merci par le nom de son directeur, Julien Cohen, dont la consonance évoque clairement le judaïsme. Bref, le maire de la commune, qui portait le projet, a fini par jeter l’éponge et a renoncé à sa mise en œuvre, de crainte d’une division qui aboutirait à devoir convoquer de nouvelles élections et risquer l’arrivée de l’extrême droite à la tête de la commune. Il n’en reste pas moins que c’est une victoire pour Éric Zemmour, qui compte bien sabrer le champagne alors qu’il a peu d’occasions de se réjouir.
En regardant les illustrations accompagnant les articles consacrés à cette malheureuse affaire, j’ai été frappé par la diversité des drapeaux déployés par les anti migrants à Callac, d’où le titre de ce billet, emprunté au roman de Pierre Mac Orlan, « la bandera », en l’occurrence l’emblème de la Légion étrangère espagnole. Les manifestants arboraient donc parfois le drapeau français, confisqué généralement par la droite la plus cocardière, mais aussi le drapeau breton, le fameux Gwen ha du et ses 11 hermines, ou son ancêtre, plus sobre, le « kroaz du » la croix noire sur un fond blanc. Plus anecdotique, j’ai aperçu également une croix de Lorraine et les cœurs imbriqués vendéens. Vous le savez, je suis attaché à mes origines bretonnes, et je refuse qu’une fraction de la population, qui plus est, la plus réactionnaire et rétrograde, se réclame du drapeau breton pour promouvoir ses thèses. Pas en mon nom, en tout cas !
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